Mon voisin est mort.
Oh non, c’est correct, il avait 91 ans… et il a trépassé cet automne, c’est pas une nouvelle récente! Mon deuil est fait, ne vous inquiétez pas pour moi.

Sa petite-fille a acheté sa maison, et ils ont récemment emménagé. À part le fait qu’ils ont un bébé, ils semblent sympathiques. Mon père a même décidé qu’il allait les prendre sous son aile un peu. Décision fort sage maintenant que j’y pense, car lorsque j’aurai quitté et que mes parents seront vieux, je n’aurai pas à m’occuper d’eux, ils pourront aller voir les voisins jeunes. Bravo papa, bien joué!

Jusqu’à présent par contre, la seule concrétisation de ce sentiment a été de leur prêter notre tondeuse. Mon vieux voisin en avait une électrique, et le petit jeune n’aime pas trop ça. Faut croire qu’il est trop butch pour une rallonge et qu’il doit sentir l’odeur de l’essence pour se sentir accompli. Mon père m’a donc averti, si jamais il veut emprunter notre tondeuse, je dois lui débarrer le cabanon.

J’étais donc paisiblement assis sur le patio, à lire, parce que je suis intellectuel, et mon gentil voisin arrive près des marches. « Salut, je suis ton voisin, moi c’est _________ »

Ayant reçu les instructions d’être gentil avec lui, je tente de lui dire mon nom de façon sympathique, sauf que la seule chose qui sort de ma bouche est un « moi c’est Alexandre » robotique, un peu bête, et disons-le un peu autiste.

« J’aimerais ça emprunter votre tondeuse, s’il te plaît. »

Afin d’essayer de compenser pour l’espèce de malaise de mon introduction, je réponds un « mais bien sûr » beaucoup trop fort, en explosant mes bras un peu trop loin et je rentre dans la maison chercher la clé, en m’injuriant à voix haute.

Je ressors, la clé du cabanon dans les mains.

« Oh je peux y aller, je sais elle est où, me dit-il, croyant sûrement qu’il m’avait déjà trop dérangé.»
« Non non, faut bien être un bon voisin!, répondis-je sans le regarder, en marchant vers le cabanon.» Il a dû penser que je ne voulais pas lui donner la clé de peur qu’il nous vole un râteau! Je débarre, lui ouvre la porte, et lui dit, en pointant la tondeuse : « elle est là! »

Lorsqu’il revint une heure plus tard, il me remercia, et plutôt que de répondre quelque chose, je levai mon pouce en l’air.

Ça a été long, mais au moins j’ai fini par comprendre que j’étais mieux de me taire…


Vous savez à quel point les coquerelles sont résistantes. Elles peuvent survivre un bout sans oxygène, sans manger, sans tête (idéalement pas tout en même temps là, ça, ça devrait les tuer). Il y a la légende que ce serait elles, avec Cher, qui survivraient à la guerre atomique. Eh bien, ma mère m’a dit que j’étais une coquerelle.

Pourquoi?

Parce que je fais une mono.

Non, je ne suis pas alité, à dormir 16h par jour. Non, je ne suis pas à l’hôpital, branché de partout, trop faible pour parler. Je fais une sieste l’après-midi, une vingtaine de minutes, et je suis correct. Oh oui, ça ne m’empêche pas de dire régulièrement, en blague, « oh je suis fatigué », mais sinon là…

Et ça dure probablement depuis plusieurs semaines.
Je pensais que c’était mon étude qui me fatiguait… mais non! Mono!
Je pensais que c’était le stress post-examens qui sortait et qui me fatiguait… mais non! Mono!
Je pensais que c’était mon côté « vieille octogénaire » qui me faisait faire des siestes… mais non! Mono!
Je pensais que c’était mon corps qui évoluait et qui avait besoin de moins de nourriture pour fonctionner… mais non! Mono!
Je pensais que j’étais trop intelligent et que la bosse sous ma mâchoire était une extension de mon cerveau… mais non! Ganglion! Mono!
De toute façon messieurs, on sait tous où est l’extension de notre cerveau…

Alors oui, j’en fais l’annonce officielle, j’ai liché quelque chose que je ne devais pas licher, et me voilà mononuclé!

Et mon corps de Dieu réagit en faisant une simple sieste! Bâtard! C’est comme quand je me suis fait arracher mes quatre dents de sagesse en même temps et que je n’ai ni enflé, ni coloré, ni souffert. Je n’ai même pas pu avoir le plaisir de vider ma bouteille de Percocet! Scumbag body!

Je vais donc prendre les choses plutôt relax pendant les prochaines semaines… le temps de convalescer… Quoi que si je me fie à cet échange avec mon père, ça ne devrait pas être la convalescence du siècle :

(Je passe la tondeuse, mon père sort me voir)
ALEX : Ah, tu es venu m’aider parce que je suis fatigué?
PAPA : Ouf, sais-tu, j’pense que je suis aussi fatigué que toi…
ALEX : Ouais, mais as-tu été diagnostiqué toi?
PAPA : Non, mais ça s’en vient…

Vous devrez donc trouver votre divertissement ailleurs… J’en suis désolé!
#blameitonmono
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