Récemment, le manoir a pu recevoir son membre VIP pour un séjour de longue durée. Séjour qui semblait être beaucoup plus long qu’annoncé en voyant les bagages.


Miss M – J’ai un gros service à te demander… Si j’ai besoin d’un endroit où habiter à Québec quelques jours, tu crois que vous pourriez m’héberger dans le cabanon?
Moi – J’ai demandé à mes parents, ils sont d’accord et ont même proposé de t’offrir la chambre d’invités. Je trouve ça excessif, mais bon…

Donc oui, ma chère Miss M, qui quitte la capitale, avait besoin d’un endroit pour rester entre ses deux logis. Elle fut accueillie à bras ouverts par mes parents et moi-même, mais surtout par mes parents, que je soupçonne de vouloir l’adopter, et peut-être me renier.

Moi – Tsé quand je t’ai dit que tu pouvais venir souper un soir, je voulais pas dire que tu pouvais venir passer une semaine!
Miss M – Voyons!! Je me souviens très clairement de toi qui me dis : tu peux venir siphonner le gaz et manger du nutella pendant une semaine!!! Alors j’me suis dit : passer une semaine ça doit être inclus dans le package deal!!

Voici un bref compte rendu de la semaine :

Dimanche
Elle arrive après souper alors que je suis en train de mettre les poubelles au chemin. Je la guide avec ses bagages, et me dirige vers le cabanon plutôt que vers la porte du manoir. Ceci n’est que la première blague de cabanon de la semaine sur je ne sais plus combien. On entre, elle dépose, je crois, l’équivalent de toutes ses possessions par terre. Je lui dis : « Je crois que tu as encore ta clé pour ici hein? » Elle regarde et me confirme que oui. « Mais tu n’as pas celle-là, je pense, dis-je en lui offrant la clé du cabanon. » Deuxième blague de cabanon.

Lundi
En quittant pour mon cours de chant, je dis tout haut à ma mère : « As-tu bien caché tes bijoux? » Je vois Miss M rire de l’autre côté de la porte. À notre retour elle nous dit qu’avoir eu le courage de fouiller, elle se serait endormie sur le divan avec plein de colliers et de bracelets.

Mardi
J’arrive de l’école, elle est assise au comptoir en train de peler des carottes. C’est clair que ma mère l’aime maintenant plus que moi. Mon père ouvre une bouteille de vin pour accompagner le souper. En quelques jours, elle aura réussi à pousser mes parents à boire un mardi soir!

Mercredi
Pour commencer sa journée de congé, sa voiture stationnée dans la rue devant le manoir se fait rentrer dans le derrière par un gars aveuglé par le soleil. Elle passe donc une partie de la matinée au téléphone pendant que je travaille.

Jeudi
Journée très occupée dans mon horaire. En revenant le soir on m’apprend qu’elle est partie manger avec des amies. Je suis très surpris d’apprendre qu’elle en a. Je ne la vois pas de la soirée.

Vendredi
Journée censée être son départ. Avant d’aller nager en après-midi, je dépose sur son lit un sac de foulards que ma mère veut lui donner, au cas où je reviendrais après son départ. Finalement, elle décide de rester un soir de plus et de partir le lendemain matin, pour ne pas conduire à la noirceur. Confuse par la présence du sac, elle me raconte qu’elle se croyait cleptomane et ne se souvenait plus où elle avait pris ces foulards. Je lui raconte qu’en fait, je les avais mis là pour pouvoir l’accuser de vol une semaine plus tard. « Tu aurais pas vu un sac avec des foulards par hasard?... »

Samedi
Ayant trainé une douleur au pied toute la semaine, je quitte tôt le matin pour aller à la clinique.
Moi – Souhaite-moi bonne chance!
Miss M – Merci!
Moi – Euh quoi?
À mon retour, nous écoutons des émissions déprimantes mettant en vedette, entre autres, Jean Airoldi, et elle nous quitte vers midi.
En soirée, ma mère dit : « Ouin, je la reprendrais n’importe quand elle! »

Je vous l’avais dit! Je pense que mon nom n’est plus sur le testament!
En fin de semaine, nous avions de la grande visite, la délégation montréalaise, ami de l’héritier, était en ville. Il m’en avait souvent parlé, mais je ne l’avais jamais rencontré. J’étais donc très heureux de pouvoir enfin le voir.

Ils avaient comme plan, la délégation et l’héritier, d’aller prendre un verre avec une de leur amie, et j’ai été invité. Invitation que j’ai naïvement acceptée, malgré le fait que c’était dans un endroit de « mixologie ».

Prenons un moment pour en parler.

Parce que je suis quelqu’un de foncièrement étrange, lorsque j’entendais le mot « mixologie » je ne faisais pas fait le lien avec le mot « mix ». Je pensais à je ne sais quoi, mixo, mixol, mucus, miction… Ce n’est que lorsque j’ai découvert que c’était simplement du monde qui fait des drinks que j’ai été totalement découragé par où la vie était rendue. Pour vrai là? C’est rendu qu’il faut légitimer les barmans? Faut nous faire croire que leur travail s’inscrit dans une démarche scientifique, faut leur donner un nom en –logie à connotation scientifique?
Pouvez-vous me dire c’est quoi la différence entre un mixologue et un enfant de deux ans qui décide de te faire « à déjeuner » et qui te sert, avec tes crêpes à la boue, un verre d’un mélange de tout ce qu’il y a dans la porte du frigo? C’est tu un mix ça? À partir de quoi que quelque chose devient un « mix »? C’est quoi la différence entre un enfant et un mixologue à part une barbe et des tatous?
Quand c’est rendu que tu trouves que te faire un drink c’est une science, c’est parce que tu bois trop et il est temps que tu te trouves une vie!

Donc, mardi soir j’écris la réflexion que vous venez de lire, et je dis à l’héritier que j’ai commencé le texte sur notre sortie de vendredi.

L’héritier – Ahahah ça s’est même pas produit
Moi – Je sais! Mais j’ai quand même des choses à dire sur la mixologie et les mixologues, alors ce sera écrit hahahaha!
L’héritier – Ahahahah d’accord! Tu vas peut-être changer d’avis!
Moi – Hahahaha tu me connais trop bien pour pouvoir dire ça et le croire, franchement!


Vendredi soir se présente, et je me rends avec l’héritier au lieu de rencontre, pendant que la délégation termine de se préparer. L’amie arrive, et nous entrons. La fille à l’accueil nous reçoit et nous dit, en pointant une table faite d’une souche d’arbre à géométrie variable : « Vous pouvez laisser vos coats au vestiaire et vous asseoir à la table fuckée là en attendant qu’on vous place à votre vraie table. »
Ah oui? Ça fait partie des qualificatifs officiels de l’établissement? Je peux donc l’employer et traiter tout de fucké et je ne serai pas désagréable?

Rendus à notre « vraie » table, celle-ci, non fuckée, je me mets à observer autour de moi. En effet, l’observation s’avérait être la seule action qui me restait, car la musique était tellement forte que mes oreilles étaient hautement inutiles (en relisant mes notes prises durant la soirée, j’ai remarqué que je l’avais écrit à deux reprises : « excessivement bruyant » et « tellement bruyant »). C’est là que je prends un moment pour apprécier les belles bretelles blanches d’un des barmans, les plis de crâne du coco rasé à la table derrière la nôtre, les grosses craques de boules de la gent féminine, bref la clientèle très respectable de l’établissement.

Nous recevons les menus, je prends cinq minutes à me choisir un drink, parce que je suis le genre à aimer faire durer les calvaires, tsé, un peu masochiste. Je finis par prendre la même chose que ce que l’héritier commande, comme ça je pourrai lui donner si jamais je n’aime pas ça. Bref, je vais lui donner. Arrive un verre rempli de feuilles de menthes et de petit jus rouge qui goûtait vraiment excessivement louche, mais je me dis que peut-être que les gens autour de moi boivent pour rendre cet endroit plus tolérable, alors fuck it, j’agrippe la paille et je le finis avant tout le monde.

Une fois nos premiers « mix » terminés, car n’oublions pas que nous venions de consommer le fruit d’une étude scientifique, la délégation ainsi que l’héritier me demandent si je veux prendre de la sangria. Pour me convaincre, ils me montrent le menu, qui décompose le contenu de ladite sangria. Je lis cela, tout à fait inutilement, car j’ai fuck-all idée de c’est quoi ces mots là, jusqu’à ce que j’arrive à « soda gingembre ».

« Ah ben y’a du ginger ale, fuck it, je vais en prendre! »

J’ai vraiment essayé de trouver et de me concentrer sur goût du ginger ale, mais je l’ai pas vraiment décelé avec mes papilles sous performantes, donc ça goûtait plutôt louche.

Le compte est maintenant rendu à trois verres : un mix de feuilles et deux verres de non-ginger ale. À cette étape, voici quelques réflexions :

-Je ne comprends pas l’espèce de courant dans les nouvelles places tendance d’avoir un style : « et si un douchebag avait un profil Pinterest, ça donnerait quoi? » Les logos, les décors, c’est très recherché tout en étant vaguement colon…

-La table derrière nous avec la tête plissée s’est commandé ce que je ne peux que décrire comme étant un berceau rempli de bouteilles d’alcool. Vous aviez pas le goût de les prendre une à la fois? Était-ce un rabais de gros? Sommes-nous au Costco? Ou est-ce alors le programme de l’école de mixologie? Voici l’examen final, mélangez tout ceci!

-Apparemment il y a avait quelqu’un d’occupation double de présent, mais vraiment, en 2015, est-ce que ça intéresse encore quelqu’un ça?

-Il n’y a pas assez de bouteilles d’eau.

Après avoir bu ce que nous avions à boire, mes comparses décident d’aller chez d’autres amies qui étaient apparemment en train de boire chez elles. Je profite donc du moment pour les quitter, en regrettant toutefois que mon premier contact avec la délégation montréalaise se soit fait dans des circonstances semblables.

Je retourne chez moi étourdi, les oreilles qui cillent, et avec une féroce envie de pisser suite à tous les verres d’eau que j’ai bus pour essayer de diluer l’alcool et enlever mon étourdissement.

Mais bon, en conclusion, c’est bien de me faire subir ça de temps en temps pour confirmer l’insignifiance de la chose, et renforcer ma misanthropie.

Ça reste pas une science par contre.


Si vous êtes comme moi et avez des pulsions créatives souvent incontrôlables, vous ne pouvez pas vous promener chez DeSerres sans vouloir vous empiler de toiles vierges ou vous rouler dans la peinture ou toucher à chaque poil de chaque pinceau. C’est une condition qui m’afflige à chaque fois que je mets les pieds dans un magasin d’art, et avec laquelle je ne vivais pas très bien jusqu’à tout récemment.

Voyez-vous, il y a environ trois ans, lors d’une visite avec Miss M, j’ai acheté un 5-pack de toiles en spécial. Elles dormaient dans la garde-robe de mon bureau depuis, accompagnées par une valise de petits tubes de peinture achetés par mes parents lors d’un Noël il y a deux ans. Mais bien que la vue d’une toile vierge faisait bouillir mon sang, l’idée d’y peindre quelque chose m’angoissait au plus haut point.


Quoi peindre?
Comment peindre?
Acrylique ou huile?
Comment utiliser la peinture?
Y a-t-il des techniques que j’ignore?

Tant de questions qui me paralysaient et qui stoppaient donc la progression de ma fibre des beaux-arts. Je n’avais pas été suffisamment préparé par mes cours d’arts plastiques du secondaire pour me sentir apte à manier l’acrylique, ou alors l’huile. Je me faisais à peine confiance avec de la gouache! Il est vrai d’ajouter toutefois que par le passé, il m’est arrivé d’assouvir mes désirs de toile par du pastel et de l’encre, médiums que je crois maîtriser.

Cependant, cet été, alors que j’écoutais la version audio du Portrait de Dorian Grey, un favori, me vint la motivation, et surtout l’idée, de me lancer dans la peinture.

J’allais recréer des œuvres d’art célèbres, avec le visage de mon chat!

Et qui aime plus mon chat que ma mère? Ce serait un cadeau de fête idéal!

Voici donc le déroulement de l’œuvre, en quelques photos.





Une fois la toile terminée vint l’encadrement. Après avoir regardé plusieurs vidéos explicatives sur Internet, j’achetai un cadre. De retour au manoir, j’eus par contre le malheur de découvrir que le cadre était en espèce de plastique, limitant donc les possibilités de vissage. Limitant dans le genre de « je veux pas visser de quoi là-dedans, j’ai peur de tout casser ». Mais, mon esprit débrouillard patenta une alternative de tiges de métal et de colle chaude pour fixer la toile au cadre. Je profitai de l’absence de mes parents pour l’accrocher au mur, et faire un test. Il tenait, et était plutôt joli. Jusqu’à deux heures du matin la nuit suivante, où je fus réveillé par un fracassement venant du rez-de-chaussée. Oui, le cadre était tombé, et il s’était cassé en trois. Par chance, la toile n’avait rien eu!


Découragé par tout cela, je mis le projet de côté quelques jours, le temps de guérir psychologiquement. Je retournai au magasin m’informer de leurs tarifs d’encadrement professionnel. On m’informa simplement que : « Vous avez juste à choisir un cadre ici et c’est 5$ de plus et on encadre la toile! »
Oui, je me suis fait solidement avoir la première fois, mais bon, j’ai trouvé un cadre similaire et j’ai payé le 5$ pour avoir l’esprit tranquille.

Mon œuvre orne maintenant fièrement les murs du manoir.
Vieille chatte à la perle.


Saviez-vous que je suis un personnage mythologique?
Je me suis fait couper les cheveux récemment, cheveux que je laissais pousser depuis deux ans. Oui deux ans! Vous imaginez-vous combien de fois Kim Kardashian aurait pu se marier en deux ans? C’est énormément long là!
Deux ans, c’est le temps moyen que ça prend à la police pour se dire : sais-tu, faudrait peut-être commencer à chercher la femme autochtone qui est disparue dans le quartier à côté.
Et donc, depuis que je me suis fait couper les cheveux, je n’ai pas été capable de tuer un seul lion à mains nues ou démolir un seul bâtiment, EXACTEMENT comme Samson!
Donc voilà, c’est prouvé, je suis un personnage mythologique, et je crois qu’il est sage de dire, par extension, que je suis un dieu.

Mais puisque la mythologie est surtout rattachée aux mythes, aux récits explicatifs de fondements sociaux (merci Wikipédia, pour tes définitions auxquels on peut se fier à 100%), je crois qu’il serait sage de partager avec vous ce que j’ai appris durant ces deux années de cheveux longs et, subséquemment, les deux semaines de cheveux courts.


Premièrement, changement majeur dans ma compréhension capillaire, j’ai enfin compris à quoi servait le revitalisant, et surtout, comme l’utiliser. Je me plaignais constamment d’un fond de tête gras, et de multiples nœuds aux pointes. Ma mère me disait : utilise plus de revitalisant, rince mieux! Mais ce n’est que lorsque je suis allé voir ma coiffeuse pour un léger amincissement de la crinière qu’elle m’a enfin expliqué que le revitalisant doit être principalement appliqué sur les pointes. On se lave les cheveux avec du shampooing en s’occupant du scalp, et ensuite on se démêle les cheveux avec du revitalisant! Inutile de dire que les six mois suivants furent vécus avec beaucoup moins de nœuds et de reflet de raie. (J’ai aussi assimilé l’expression « pointes » pour parler du bout des cheveux. Vive l’utilisation d’un vocabulaire technique approprié.)

J’ai aussi découvert les joies du peignage et du brossage. Je me sentais comme Raiponce le matin, j’étais sur le bord de chanter à ma fenêtre. Ma mère m’a aussi utilisé en Barbie grandeur nature pour me faire des tresses et autres coiffures du type, coiffures que je m’empressais de défaire une fois terminées. C’était peut-être émasculant sur les bords, mais je suis un peu pute quand ça vient au jouage dans mes cheveux…

Maintenant que j’ai les cheveux courts, je dois me mettre un peu de pâte coiffante sur la tête, pâte qui a un arôme. Donc, je sens.
Je n’aime pas vraiment sentir, je suis un peu contre les odeurs.

J’ai aussi vécu un traumatisme dans les jours suivant le changement. Je ne portais plus d’élastiques aux poignets, vu que la nécessité de m’attacher les cheveux avait été coupée, balayée et jetée avec le reste de ceux-ci. Je n’ai pas compensé par des chaînes, des bracelets de bois ou des perles de plastique, quoi qu’un peu de noisetier au poignet pourrait sans doute réaligner mes chakras.

Toutefois, le plus grand avantage de ce changement, outre le fait que l’héritier et le sauveteur ne peuvent plus me harceler de suggestions à subtilité variable quant à la coupe de mes dits cheveux, est que mon temps de douche a diminué d’au moins 75%. Ça se lave tellement plus vite des cheveux courts! J’avais totalement oublié! C’est merveilleux! Toute l’eau épargnée!

Et en plus, non seulement suis-je un dieu qui sauve la planète, mais je vais envoyer ma couette à la société du cancer. Je vais donc guérir le cancer d’un enfant malade (c’est comme ça que ça fonctionne hein?) grâce à ma bonne action. Je vais tellement gagner des points de karma là!
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