Si jamais un jour je développe des pouvoirs de nécromancie, c’est clair que dans mon top dix, je déterre Édith Piaf et je lui fais enregistrer une version alternative de son classique : 
Oui, tout, tout, tout
Oui, je regrette tout!

Mais commençons avec un regret en particulier.

Ok, moi je suis un piéton hors pair.
Je fais tout à pied.
Ça aide beaucoup que j’habite dans un environnement où tout est à ma portée en moins de vingt minutes de marche. Et n’oubliez pas qu’avec la grandeur de jambes que j’ai, vingt minutes de marche pour moi, c’est au moins trente pour vous.
Alors tsé, je marche beaucoup.

Et étant d’un naturel obéissant, je respecte les signalisations. Bon, parfois un peu trop, mais je trouve ça ben correct de peser sur le bouton du piéton à une intersection à minuit, même s’il y a absolument rien dans les rues.

Toutefois, cette après-midi, il y a quelques années, je me rendais à l’école, et j’étais un tantinet en retard. Rien de dramatique, mais il fallait que je m’active. Je marchais donc sur le trottoir, à côté duquel se trouve une ravissante piste cyclable. Deux voies de large, bien peinturée, du beau stock là ! J’arrive à une intersection où il y a une lumière pour piéton, mais étant donné mon retard, je me dis ok, je vais faire comme tout le monde qui passe à côté de moi normalement quand je fais le piquet à attendre ma lumière et je vais traverser. Je suis vraiment téméraire tsé !

Je regarde de tous les côtés, devant, à droite, derrière moi, pas de lumière d’auto, donc je m’engage. Tout à coup, j’entends un « hey hey hey hey » et je vois, tournant le coin devant moi, dans la rue, une cycliste en spandex qui me fonce dessus. Je précise son habit, car vous savez tous que le niveau de danger d’un cycliste est directement proportionnel à la superficie de son corps qui est recouverte de spandex.
 Je fais un saut en arrière et elle freine rapidement, ce qui lui fait perdre l’équilibre.
« Oh excusez-moi ! »
« Ben regarde où tu vas la prochaine fois ! » me crie-t-elle, avant de repartir en trombe.
Oui, tout, tout, tout. Oui, je regrette tout!

Voici ce qui n’a pas été dit, mais que j’ai sur le cœur depuis des années.


OK la conne.

Premièrement, te prends-tu pour un char ? T’avais une piste cyclable juste à côté de toi, mais t’aimais mieux rouler dans la rue au travers des autos et faire semblant que t’es au Tour de France? Je veux ben croire que t’es grosse, mais t’es pas aussi large qu’une auto, alors moi je peux pas te voir aussi facilement.

Deuxièmement, penses-tu que tu allais pas un peu trop vite ? T’étais même pas capable de freiner assez vite pour éviter une collision, et t’es tombée de ton vélo. C’est quoi, tu voulais être certaine de tourner avant qu’une auto arrive en sens contraire alors tu as clenché ça ? Parce que tsé, t’es sur un vélo alors tu peux décider quelles règles tu choisis. Là ça te convenait d’être dans la rue parce que la lumière était verte, alors tu y étais, mais s’il y avait eu une lumière de piéton, tu aurais tourné pareil. Je savais pas que les vélos c’était des entités à règles variables. Faudrait que j’essaie ça me promener dans la rue moi aussi ! Ah non, nous on peut pas on va mourir !

Pis avant que vous me le disiez, oui je le sais que les vélos sont plus obligés de rouler sur les pistes cyclables (on a dépensé des millions à leur construire des infrastructures, pis après on vient leur dire, ah finalement t’es plus obligé, bonne décision ça !) et que j’étais pas tout à fait hors blâme parce que j’ai traversé sans mon piéton, mais cette cycliste était conne pareil.

Fin de la discussion.

Alors va chier la cycliste, va chier !
Oui, tout, tout, tout. Oui, je regrette tout!
Bienvenue dans une période plutôt maussade de l’année.

Novembre, c’est gris, il n’y a plus de feuilles, c’est froid. C’est comme si la nature était en phase terminale et qu’elle attendait juste un peu d’aide médicale à mourir.

On est atteint de dépression saisonnière parce qu’il ne se passe rien.
Tsé, youpi là.

Plusieurs d’entre vous auront un petit flirt avec l’idée d’attraper un rhume pour se divertir un peu durant ces temps glauques. Voici mon analyse de cette option stratégique de vie.


Avantages

1-Dans les premiers jours de votre rhume, vous ne vous sentirez pas bien, vous aurez mal à la tête, de la congestion, etc. Vous pouvez utiliser votre état, qui devrait vous paraître dans la face, pour vous attirer un certain capital de sympathie auprès de vos proches.
« Oh lala, je me sens vraiment pas bien là, je pense pas pouvoir faire xyz. »
« Pas de trouble! Je vais le faire pour toi, repose-toi! »

2-Si vous jouez bien vos cartes, vous pourrez étirer ce sentiment quelques jours
« Oh lala, je me sens encore poche, je pense pas pouvoir faire xyz. »
« Voyons, encore?! Pauvre toi, tu dois vraiment pas bien aller, ça dure depuis un bout ton affaire. Je vais le faire pour toi, repose-toi! »

3-Vous pouvez réduire vos contacts humains et faire passer ça pour une faveur que vous faites aux gens.
« Hey, je t’approcherai pas, je voudrais pas te donner mon rhume. »
« Oh oui merci, c’est gentil. »

4-La médication!

5- Vous devenez automatiquement plus intéressant, car vous avez un virus dont vous pouvez raconter l’évolution à votre entourage. À ce niveau, vous êtes sensiblement comme une nouvelle mère.
« En tout cas hier j’ai pas vraiment dormi. »
« Ah non? »
« Non, je suis tellement congestionné là. Y’a deux jours c’était la fièvre, là c’est rendu que je me mouche tout le temps! Ça arrête pas de grandir ces petites bêtes-là! »

Inconvénients

1- La première phrase de l’avantage 1.

2-La toux vous empêche de communiquer adéquatement.
« Salut comment ça vahahgahaghagg! »

3-Les coûts reliés à la maladie. Ça peut aller d’une boîte de mouchoirs à deux jours de salaire si vous restez chez vous. Ça a le potentiel d’être relativement coûteux.

4-L’irritation de nez due aux mouchoirs de qualité inférieure. Bien que cela vous permette de jouer le rôle de Rudolph sur votre carte de Noël familiale.


Alors voilà, je crois vous avoir fait une analyse exhaustive du rhume comme stratégie de gestion de novembre. À la lumière de ces arguments, je vous laisse prendre votre décision. Je tiens à préciser que si vous désirez y aller de l’avant avec le projet, je suis disponible encore quelques jours pour vous licher la face, mais faites vite, ma guérison est imminente!


Cette semaine, j’ai été confronté à une grande remise en question de ce que je croyais être vrai. C’est un processus qui a commencé il y a un peu plus d’un an, avec quelques questions, quelques changements, qui m’ont fait penser que peut-être les choses allaient être différentes. Mais tout cela a culminé en un grand traumatisme mardi.

Je ne sais plus quelle est ma pointure de souliers!

Et pour ceux qui pensent que je dramatise, vous essaierez de changer une information sur votre corps que vous croyez depuis des années! Si je vous disais que vous mesurez en fait un pouce de moins que ce que vous avez toujours cru, vous vivriez un grand traumatisme vous aussi!

J’ai toujours pensé que je chaussais du 11. Par contre, l’hiver passé, lorsque je me suis acheté des grosses bottes Sorel, mystère, c’était les 12 qui me faisaient. Ce printemps, des espadrilles de course, des 12 encore. D’accord, une tendance se dessine…

Puis, suite à mes quelques blessures de course, j’ai fait l’acquisition d’orthèses. Et là, ça mes amis, ça vous fuck une pointure. Tu peux pas tant les mettre dans les chaussures que tu possèdes, parce que tsé, ça prend de la place et tout ton footwear devient trop petit.

L’automne étant très à notre porte, genre elle cogne présentement, on ne veut pas répondre, mais l’automne cogne, elle est arrivée, il était temps de sortir mes bottes! Je passe normalement ma vie en bottes. J’imagine que c’est un principe de protection là, je me sens invincible avec des bottes… Faudrait en parler avec ma psy.

Sauf que là, hey, mes vieilles bottes, des 11, avec des orthèses ça marchait so-so. Donc allons à la recherche de nouveaux modèles!

Je suis quelqu’un de vraiment fancy et téteux pour mon chaussage de pieds, parce que vous ne pouvez pas vous imaginer combien de gens, après avoir apprécié mon gigantisme de loin, descendent la tête. Ils regardent toujours mes pieds pour, je sais pas, confirmer que je suis pas un nain sur des échasses ou un autre imposteur du genre. Alors je suis un peu… pas complexé, mais au courant que c’est un élément important auquel porter attention. Et y’a aussi le fait que j’aime ça avoir des belles chaussures là, c’est normal. Allez pas me prendre pour un paranoïaque qui s’habille juste parce que les autres le regardent là!

Alors pour mes bottes, j’achète pas ça n’importe où. Juste des places où ils ont un sizing étrange. Normalement je portais des 44, ce qui équivaut à des 11 américains (on divise par 4 les tailles européennes), mais là, pour mettre mes orthèses dedans?!

J’ai trouvé une paire de 45, j’ai mis mes orthèses… ok ouin. Mais est-ce que c’est grand un peu? J’ai essayé des 44 sans orthèses, ah oui j’étais bien. Mais l’étais-je vraiment? Parce que tout ce que j’ai acheté dernièrement, c’était pas des 11. Est-ce que mon corps était habitué d’être contraint dans un petit espace, et qu’il ne se rendait pas compte de la liberté que je lui offrais avec des 45? Est-ce qu’il aimait être maltraité? Est-ce que mes pieds avaient un syndrome de Stockholm ?!

Finalement, après une valse d’une quinzaine de minutes, endurée par l’héritier qui était assis et qui textait, entre deux « ben oui sont belles celles-là », je me suis ressaisi et revenu à l’essentiel. La stratégie, c’était d’avoir des bottes plus grandes pour mettre mes orthèses dedans, parce que j’étais tanné de ce que je possédais, et j’avais une bébelle qui était censée régler tous mes problèmes. Si je voulais des vieilles tailles, j’avais juste à garder mes bottes actuelles. Mais mes bottes actuelles me font un peu mal, je pense. Donc ça prend de la nouveauté!

Et donc la morale de cette semaine c’est que lorsque tu penses que ce que tu as actuellement te fait mal et que tu veux du changement, des fois tu fais des choix qui te font vraiment plus mal que ce que tu avais avant.

Comme l’énorme ampoule que j’ai derrière le talon.

Ou comme le Président Trump.


Avez-vous bien dormi? Une heure de plus hey! Ça fait du bien! Surtout après ce qui s’est passé ces derniers temps. Maintenant qu’on est tous reposés, qu’on a bien dormi, on va pouvoir se parler calmement de notre comportement des dernières semaines. Ok?

On s’entend pour dire que le concept de la tolérance, sur papier, c’est une bonne chose. Être capable de s’endurer mutuellement c’est une bonne idée.

Les gens qui prônent la tolérance et l’acceptation, vous êtes du bon bord là. Vous êtes censés être moralement supérieurs aux gens fermés d’esprit.

Pouvez-vous alors m’expliquer pourquoi, dans des contextes de « débats sociaux » comme l’arrachage de chemise collectif sur la culture du viol ou le clivage culturel monstre sur l’allure discutable de Safia Nolin, y’a des insultes qui fly de partout?

Pourquoi la personne qui « remet en doute » la culture du viol c’est un criss de cave? (On pourrait aussi avoir un débat sur : est-ce que se questionner sur des éléments c’est le remettre en doute? Ou alors l’apparent paradoxe de se questionner, tout en supportant des présumées victimes.)

Pourquoi celle qui se demande pourquoi Safia s’est pas lavé la tête avant de sortir, ben qu’elle mange de la marde esti?

Ou l’exemple parfait : Voyons maudit moron, les réfugiés syriens sont pas terroristes, ils se sauvent des terroristes criss de cave! Si j’en vois un autre dire ça, je le supprime de mes amis Facebook!

Vous êtes du bon côté de l’argument, ne vous rabaissez pas en insultant tout le monde qui vous contredit. Vous avez l’air aussi fermés que les intolérants sur qui vous levez sauvagement le nez. Voyez donc ça comme une possibilité de bonifier votre position. Les cinq minutes que vous prendriez pour couper votre frange au quart de votre front, prenez-les pour noter 2-3 arguments profonds, et agissez en adulte bon Dieu!

Et oui, je sais que c’est dur d’expliquer des choses à des gens qui sont pas nécessairement équipés pour comprendre, je suis tuteur depuis des années pour plein de cours. Mais ça ne fait que vous faire grandir en tant que personne, et développer l’articulation de vos idées, que d’expliquer et d’expliquer et d’expliquer encore.

J’aimerais aussi mentionner mon incompréhension face au nouveau mouvement d’estime de soi démesuré, qui, lorsqu’on se fait passer un commentaire sur sa personne, plutôt que de prendre un temps d’arrêt pour une légère remise en question, voir s’il y a un brin de vérité, si on ne pourrait pas se bonifier comme personne en allant chercher des points de vue externes auxquels on n’avait pas réfléchi, on se placarde de l’étiquette de l’authenticité et on amplifie encore plus ces traits de notre personnalité, parce que fuck you, je suis comme je suis! Et bien entendu, ce stratagème ne fonctionne que si tu n’es pas comme les autres, parce que si tu es comme les autres et que tu es fier de ce que tu es ou que tu t’aimes, ben tu perpétues les pressions de la société sur l’image!

J’ai un léger malaise avec la génération inflexible et intolérante qu’on est en train de devenir.

Trump! Trump! Trump! Trump!


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