Cette semaine, ma très chère amie
Paquetville est venue passer une soirée créative chez moi. Ces soirées sont en
train de devenir une tradition mensuelle et c’est, sans l’ombre d’un doute, ce
qui nourrit le plus mon âme. Nous philosophons en écoutant de la musique et en
s’adonnant à une activité artistique quelconque… c’est franchement la belle vie!
Mon projet pour cette soirée
était de continuer une toile (que j’avais débuté lors de notre première soirée
créative). En fait, j’avais besoin de Paquetville pour me donner un coup de
pied métaphorique dans le derrière pour redémarrer mon feu créatif.
Lorsque je me suis installé, avec
mon chevalet de table, ma palette, mes pinceaux, ma peinture et ma toile,
Paquetville est restée surprise de la hauteur de la toile sur mon chevalet. En
retournant celui-ci, je lui ai montré que j’avais modifié la hauteur du support
inférieur. Je lui ai dit que je lui écrirais un essai de 300 mots expliquant
pourquoi.
Voici cet essai.
Depuis que l’homme est homme,
l’être humain naît, grandit et meurt. Comme disait Platon : « en
toutes choses les extrêmes sont rares, les choses moyennes très
communes ». Il arrive donc parfois, dans l’histoire humaine, que certains
hommes franchissent cette commune moyenne et se logent, aux vues de l’histoire,
dans cette zone restreinte de l’extrême. Nous penserons à Albert Einstein, à
Stephen Hawkins, à David Bowie et à leur talent, leur génie, qui les ont rendus
rares et peu communs.
Toutefois, parfois cette rareté
revêt un caractère plus nuisible. En effet, John Rogan, du haut de ses huit
pieds neuf pouces, deuxième homme plus grand de l’histoire, a développé de
l’ankylose. Cette maladie a rigidifié ses articulations, l’empêchant de se
tenir debout ou de marcher. Il a ainsi dû s’adapter, se promenant à l’aide d’un
kart tiré par des chèvres. Comme disait Socrate : « ce qui fait
l’homme, c’est sa grande faculté d’adaptation. »
Or, s’adapter demande parfois un
travail mental supplémentaire. Certes, la résilience est une qualité bienvenue,
mais une capacité de recul est primordiale si l’être humain veut évoluer,
s’harmoniser avec son environnement.
Comme nous rappelle Antonine
Maillet : « vu de trop près, le monde perd ses reliefs et la vie ses
perspectives ». Il est donc parfois nécessaire d’ajuster l’angle de
comment nous voyons le monde. Car ce n’est que lorsque nous modifions notre
point de vue d’un élément que nous pouvons enfin le voir réellement pour ce
qu’il est.
Il devient donc essentiel, pour
toute personne voulant s’accomplir, de s’inspirer des géants qui ont bâti nos
sociétés et s’adapter au monde qui nous entoure.
Voici donc pourquoi le support
inférieur de mon chevalet était monté, parce que je suis grand, et j’étais
rendu à travailler le bas de ma toile.