Je vous ai déjà partagé mes nouvelles aptitudes à cuisiner des scones. Tout le monde a découvert comment faire du pain en confinement, moi je me suis mis aux scones à la place. Eh bien j’en fais, et j’en fais, j’en fais tellement, qu’un jour j’ai passé toute ma farine!

Diantre!

Vint donc le moment d’acheter de la farine. Et là, je sais que ça va sonner un peu bizarre, mais je n’ai jamais acheté de farine de ma vie.

« OuI mAiS AlExAnDrE! cOmMeNt T’aS fAiT pOuR fAiRe DeS sCoNeS aLoRs? »

Ah comme vous êtes des experts de la logique! En effet, comment ai-je fait pour a) développer mes skills de pâtisserie et b) devenir un maître des scones?

Très simple : lorsque je résidais au Manoir, il y avait des gens en charge de l’approvisionnement. Et aussi, cet été, lorsqu’il y avait pénurie de farine, le steak et son français m’ont fourni un joli sac de farine bio, non blanchie, naturelle, artisanale, végane, extraterrestre, tout le kit là, prise directement d’une boulangerie près de chez eux. En guise de remerciements, je leur ai fait quoi? Oui, des scones (Ce qui a développé une dépendance à mes scones et ouvert une boîte de pandore, mais bon…c’est un problème pour une autre fois).

Tout ça pour dire que j’étais à l’épicerie, devant les sacs de farines (accroupi devant les sacs de farine, parce que c’est toujours sur la tablette du bas ça maudit) et je n’avais aucune idée de quel format acheter. J’ai un contenant en plastique très joli chez moi qui sert à loger ma farine. Dans ma tête il était gros. C’est le plus gros contenant que je possède. Donc tsé, un gros contenant.

Finalement, il est beaucoup plus petit que les dix kilos de farine que j’ai achetés.

Genre, « tiers du sac » plus petit.

Je me retrouvais donc devant une montagne de farine (c’est tu un euphémisme hip-hop pour parler de cocaïne ça?) et un moment donné, ça va faire les scones. J’ai donc pris mon courage à deux mains (mains fatiguées, car elles avaient transporté dix kilos de farine de l’épicerie) et j’ai bravé mon némésis.

Oui, mon némésis. Nous avons tous un némésis dans la vie. Normalement c’est la peur de prendre l’avion, ou alors c’est le soccer. Pour moi, c’est le pain aux bananes. Je suis capable de faire des tartes, des gâteaux, des biscuits, tout se fait bien, sans problème, c’est délicieux. Mais le pain aux bananes… incapable!

J’ai essayé 4 recettes, autant des recettes d’amis que des recettes professionnelles, et rien n’y fait (quand même Martha Stewart ne peut pas t’aider, tu commences à te remettre sérieusement en question). Il n’est jamais réussi. Il y a des bouts qui ne semblent pas cuits, j’ai des petites tranches rectangulaires, comme s’il n’avait pas levé assez… alors qu’à chaque fois que je vois du pain aux bananes dans des commerces, ce sont des belles tranches carrées. Bref, depuis facilement une décennie, sinon plus, je tente périodiquement de faire du pain aux bananes, sans succès. Je cherche la tranche carrée de pain aux bananes, j’obsède sur la tranche carrée de pain aux bananes. Et c’est tellement rendu débilisant, qu’à chaque fois que je tombe sur une nouvelle recette de pain aux bananes sur internet, je la sauvegarde pour l’essayer plus tard, dans ma quête incessante de vaincre mon némésis et enfin me considérer comme un « bon » « pâtissier ».

Donc, équipé de mes dix kilos de farine, et d’une nouvelle recette que j’avais trouvé (qui contenait une vidéo, où on voyait que le pain levait et qu’il était beau), je me suis lancé.

Et savez-vous quoi?

J’avais encore des petites tranches rectangulaires. Oh, il a levé. Tout avait l’air cuit. Il était bon. Mais j’avais encore des petites tranches rectangulaires.

Normalement, ce résultat aurait été assez pour me faire chavirer, mais je suis suivi psychologiquement depuis quelques années et je refuse de payer autant pour n’avoir aucun résultat. Donc, par la simple force de mon portefeuille (une des grandes forces de la vie) je grandis en tant qu’individu. J’ai analysé la situation :

-Ok, il a clairement levé. La texture bizarre d’antan est absente.

-Il a bon goût, la couleur est juste. Il est assez cuit.

-Est-ce que… Est-ce que?

Finalement, le secret pour avoir une tranche carrée de pain aux bananes, c’est juste de doubler la recette. Criss.


Y’a une métaphore ici du genre « pour résoudre vos problèmes, faut doubler vos efforts », mais ça fait une semaine que je mange du pain aux bananes et j’ai comme mal au cœur en permanence, alors je vous demanderais de comprendre la métaphore par vous-même.

Merci beaucoup.

 Non, ce titre n’est pas clickbait.

J’ai pour vous LA solution infaillible pour prendre soin de sa santé mentale en période de confinement. Récemment je vois trop de conseils mous de petites bourgeoises passer sur les médias sociaux, du genre : « c’est correct d’être en colère », ou « rappelle-toi que ceci est temporaire ». Ça ne donne rien tout ça! Rien du tout! Rien!

Maintenant vous me direz : Hey, comment fais-tu pour parler avec autant d’autorité sur la question délicate de la santé mentale?

C’est très simple : je suis un homme de ma génération, donc je ne m’embourbe pas avec des concepts superflus comme « la connaissance », ou « l’expertise ». Je suis capable de traiter mes opinions comme étant la vérité absolue. Et aussi, ça fait plusieurs années que je consulte une psychologue, donc par défaut, ses connaissances ont déteint sur moi, faisant de moi un expert.

Voilà, c’est simple. Maintenant voici la recette!

Premièrement, arrête de « penser » à ta santé mentale. Et par « penser », je veux dire t’interroger à chaque heure, chaque jour sur son état. Arrête de penser en termes d’anxiété, de malaises, et tous ces mots qui sont utilisés pour attirer la sympathie des inconnus et leur soutirer un cœur ou un like. Pense à autre chose. Si tu penses toujours à une affaire, ça devient une obsession et ça ne peut pas bien aller. Quand on se coupe, on se met un pansement et on continue notre journée. On revient sur la blessure de temps en temps pour changer le pansement, mais on ne gosse pas dans le bobo à longueur de journée. Trop souvent les « experts en santé mentale » des médias sociaux traitent la santé mentale comme une pierre précieuse qu’on doit observer et fignoler et taponner… Ce n’est pas le cas! Laisse la tranquille.

Deuxièmement, avec tout ce temps que tu libères dans ta journée—additionné au temps libre que tu as déjà—voici le pansement. Répète après moi : l’oisiveté est la mère de tous les vices.

Toute le monde ensemble : L’oisiveté est la mère de tous les vices.

Qu’est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu’il est plus que temps que tu te trouves un hobby. Ou deux. Si t’en as trois c’est encore mieux! Si sur ton Tinder tu fais partie du 90% de la population qui liste « voyager et faire des soupers avec mes amis » comme étant tes intérêts, ben tsé, c’est clair que t’es down et que t’es dans la marde.

Mon constat général est que les gens ne font crissement rien de leur vie. J’impressionne toujours tout le monde quand je dis que j’écris, que je peins, que je chante… C’est pas normal ça. Ça te prend un hobby. Un VRAI hobby. Écouter des séries c’est pas un hobby, c’est une activité passive qui, après la troisième journée passée sur Netflix te rends amorphe et déprimé.

Sais-tu c’est quoi un bon hobby? L’art! L’écriture, la peinture, la musique, la sculpture, le dessin, le bricolage, le tricot…


Le but c’est pas d’être bon, c’est de passer du temps à FAIRE quelque chose. Quand tu fais quelque chose, tu es stimulé mentalement, tu as un but, tu canalises ton énergie pour construire quelque chose. Tu es actif. Tu es satisfait de ta vie et tu as plus de chances d’être heureux.

« Et l’activité physique? C’est un hobby! » Non, l’activité physique c’est pas un hobby, c’est une nécessité pour être en forme et en santé. Tu devrais déjà faire de l’activité dans ta journée. Ça te prend un hobby en plus.

Personnellement, je ne vois pas le temps passer, parce que plusieurs soirs dans la semaine, je prends quelques heures à écrire, ou à composer une chanson, ou à faire un casse-tête… Oui, des fois je parle aussi à mes amis, car c’est important, mais je suis capable d’occuper mon temps sans devoir être accroché aux lèvres de tout le monde.

« Oui mais je suis fatigué!! J’ai pas l’énergie de faire de quoi! »

Est-ce que tu dors sept heures? Si tu ne dors pas sept heures, couche toi plus tôt. Si tu dors sept heures, trouve-toi un hobby pareil et essaie pendant une semaine. Je suis prêt à gager que ta fatigue va se transformer.

C’est donc ça la recette infaillible pour soigner sa santé mentale en confinement. Maintenant que c’est dit, quand tout ça sera terminé, je vais retélécharger Tinder, et je veux pouvoir jaser avec du monde qui vont me parler d’autre chose que du fucking vin rouge.

Bye!

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