La génétique de l'ignorance
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Il a
été maintes fois prouvé que j’ignore les signes de la vie.
J’ai
toutefois compris que ce n’est pas de ma faute, mais c’est plutôt génétique, et
j’utilise cette merveilleuse journée de la fête des Pères pour vous le
démontrer.
Mon
père, qu’on pourrait qualifier d’anti-bricoleur dû à son absence totale
d’habiletés manuelles (je ne retiens pas des voisins), a décidé ce printemps de
poser deux tablettes dans le sous-sol. Parce que tsé, dans la vie, on n’a
jamais assez de tablettes, c’est toujours utile, comme une recette de quiche
végétarienne ou un paquet de cartes Pokémon à une réunion du secondaire.
Bien
entendu, parce qu’il m’aime énormément, il m’a demandé de l’aider avec son
petit projet excessivement pertinent (j’ai assez hâte qu’ils inventent un signe
de ponctuation pour signifier le sarcasme), demande que je n’ai pu qu’accepter.
Non
pour vrai, c’est pas de la politesse, il m’a pas laissé le choix.
En
arrivant dans le sous-sol, je le vois avec sa visseuse et des morceaux de bois
encore plus croches que le cerveau de Vincent Lacroix. Ils auraient pu faire un
jeu complet de Mario Bros. sur ces morceaux de bois là et ça aurait été le jeu
le plus difficile de toute la franchise. Il me dit, afin de tenter de gagner
mon cœur de Picsou, que ce sont des morceaux de bois qui trainaient dans la
cave, et que donc il voulait les utiliser pour ne pas gaspiller et ne pas en
acheter d’autres.
Sa
stratégie ne fonctionne malheureusement pas, car mon côté écolo-cheap n’est pas
à la hauteur de mon côté grogron/chu-fru-parce-que-faut-que-je-t’aide.
Nous
commençons donc à poser ces morceaux de bois sur le mur. Ma tâche étant de
tenir, je ne suis rien de plus qu’un simple support. Tais-toi et tiens, comme
on dit. Bien entendu, étant donné la forme douteuse de la matière première, le
contact avec le mur n’est pas des plus harmonieux. Mais ce n’est pas grave, tel
fils, tel père, on ignore et on continue.
Deuxième
embuche, les vis ne cessent de tomber.
Tomber
dans le genre : « Non, moi je ne veux pas voir ça, je m’en vais».
Bien entendu, ce monologue intérieur de vis n’est pas sans rappeler ce qui a
déjà été dit à Joël Legendre à quelques reprises.
Les
vis ne rentraient pas dans le bois (cette fois-ci, contrairement à Joël
Legendre), car voyez-vous, et cela m’a été expliqué par la suite, mon père
n’avait pas employé la « bonne » méthode pour son petit travail. Il
aurait dû, et c’est ce qu’il a fini par faire, percer des trous dans les
morceaux de bois, et ensuite visser le tout.
Lorsqu’on
s’est mis en mode « bonne » méthode, tout s’est beaucoup mieux passé,
et les tablettes arborent maintenant, et fièrement sans doute, deux vieilles
guenilles et une litière à chat vide.
Un
projet utile comme on n’en a jamais vu mesdames et messieurs.
Mais
dans cette histoire se cache une belle morale : c’est important d’élargir
un trou avant de rentrer de quoi dedans.