dimanche, mai 29, 2016

La double baguette de pain

Il y a un principe économique de base qui se perd dans notre société de consommation et d’excès :

C’est la rareté qui crée de la valeur.

C’est pourquoi je suis un peu contre le binge watching. Plutôt que de savourer à petite dose une émission, on se goinfre en quelques jours d’une saison au complet, qui a pris des mois et des millions à filmer. On doit ensuite toujours en regarder plus pour combler le vide qui se crée.

Ou encore, n’y a-t-il pas quelqu’un qu’on a plus envie de voir qu’un ami à qui on n’a pas parlé depuis quelques semaines?

Une activité qu’on fait trop souvent mériterait-elle un moment de pause, question de s’ennuyer un peu de celle-ci et raviver la prise de conscience de « hey, j’aime ça faire ça! »

Tout ce manque, cette rareté, fait en sorte que lorsque nous comblons enfin notre désir, il n’est que plus satisfaisant.

Ce qui nous amène à nos deux baguettes de pain.


On va se le dire tout de suite, du pain c’est délicieux. J’aime pas vraiment manger, mais une baguette de pain, c’est un peu le nirvana. Surtout quand elle est encore chaude. Miam!

Publicité indirecte, chez Costco, leur pain est délicieux. C’est potentiellement les meilleures baguettes au monde. Mais, étant Costco, elles viennent en paquet de deux. Il faut donc être nombreux ou motivé pour en acheter.

Une fin de semaine où nous recevions de la visite, mes parents ont acheté un paquet de deux baguettes, communément appelé la double baguette de pain pour les besoins de ce billet, ou alors la DBP. Fidèle à son habitude, ce pain était délicieux. Mais la DBP était aussi volumineuse (la variable D de son appellation), ce qui fit en sorte que nous dûmes en manger pendant deux jours.

Jusque-là tout va bien, du bon pain deux jours de suite, miam! Toutefois, mon père empoisonna ce régal en achetant une autre DBP le mardi suivant. Il était encore bon, mais en ayant mangé à outrance les jours précédents, la satisfaction était moins forte.

Vous voyez, en diminuant la rareté, la BBP, autrefois délicieuse, n’était rendu que meh. Nous en avons jeté une grande quantité.

Voici donc la théorie de la double baguette de pain. Essayez d’injecter un peu de rareté dans votre vie, question de rehausser la valeur de ce qui vous est cher. Ça vous fera du bien!

Ce billet est non seulement un petit incitatif à l’austérité, mais aussi une façon détournée d’annoncer l’arrivée de l’horaire d’été. Oui, nous sommes déjà rendus en juin, et, comme par le passé, on voit apparaître l’horaire d’été. Pour juin et juillet, vous n’aurez des publications qu’aux deux semaines, histoire de vous permettre d’aller jouer dehors un peu plus (et aussi de vous ennuyer de publications hebdomadaires et donc apprécier plus le grand retour de septembre).

Profitez du soleil, et n’oubliez pas, si vous me voyez courir dans une rue quelconque, veuillez m’ignorer. Merci beaucoup.

dimanche, mai 22, 2016

Handicapable

Bon ok. La chose importante à se souvenir pour le moment, c’est que bien que je vous aie parlé de ma nouvelle pratique de course il n’y a de cela que deux semaines, ça fait quelques mois que ça dure.

D’accord?

Parce que je me suis scrappé la cheville en courant. Et je suis conscient qu’avec l'ordre de mes textes ici, ça donne la forte impression que j’ai commencé à courir et qu’une semaine plus tard je me suis blessé. Mais non là. Faites-moi confiance, je ne suis pas SI poche que ça.

Alors voilà, j'ai la cheville en compote, et ne pouvant me mouvoir, je me suis loué des béquilles. C'est ma première aventure avec ces outils de déplacement, étant donné que j'ai passé mon enfance dans une bulle de protection, et j'apprends beaucoup sur la vie. 



Premièrement, c'est tellement épuisant! J'ai les bras morts! Je vais me ramasser avec un haut de corps à la Schwarzenegger et ça va m'avoir coûté 5% d'un abonnement de gym. Il faut que je m'asseoie pour me reposer aux dix minutes. Pas à cause de douleurs à mon pied, mais bien parce que mes bras et poignets sont épuisés! Je me réveille le matin avec une douleur aux abdos, parce que pour me faire swinger la jambe vers l'avant, je me balance à partir du ventre... Mais maintenant que j'y pense, il y a peut-être une solution moins épuisante. Laissez-moi donc deux minutes voir...

Ok oui. Je pourrais faire ça vraiment moins forçant en faisant juste balancer ma jambe. Eh ben, the more you know!

Autre truc très agréable, avec mon *TAC* ... *TAC* ... *TAC* ... lorsque je me déplace, je ne peux éviter les rapprochements avec des tueurs en série de films d'horreur:

Soirée paisible dans la maison, où Becky et Samantha se tressent les cheveux et parlent de garçons. Tout à coup, Samatha entend un bruit.
- As-tu entendu ça? Demande-t-elle en lâchant les cheveux de son amie.
Silence.
- Entendu quoi? Répond Becky.
- Je ne sais. Je pensais avoir entendu une espèce de son métallique...
*TAC* ... *TAC*...
- Là! Tu entends?
- Ça se rapproche on dirait.
Tout à coup la porte s'ouvre. Un séduisant homme en béquilles se tient dans le cadre de la porte.
- Bonjour mesdemoiselles. Je suis le tueur béquille. Je me suis fais mal à une cheville en courant, et maintenant j'extériorise ma colère en assassinant de jeunes filles insouciantes.
- C'est pas un peu trop d'exposition ça?
- Ouais bah on est juste dans une joke poche sur un blogue poche, alors faut pas trop m'en demander.
- Ah d'accord. C'est maintenant qu'on crie?
- Ça serait bien.
- OK. Aaaaahhhh!!!

Et là c'est ici que contre toutes attentes, et à la grande surprise de tous, le texte prend un tournant contemplatif et relativement philosophique. Devant marcher avec des béquilles, je marche beaucoup plus lentement que mon rythme habituel. Ça me force à regarder mon environnement, ralentir le rythme, apprécier plus de choses, déstresser... Ma psychologue serait si fière de moi! Mais surtout, je suis surpris de la bonté des gens. Ils me lancent des regards bienveillants et me tiennent les portes! Qui aurait cru! 

Il reste que l'élément le plus positif de marcher avec des béquilles, c'est que je suis enfin légitimé à utiliser les boutons d'ouverture automatique des portes! Personne ne peut me traîter de lâche, je suis handicapé... En fait, je suis handicapable, car malgré ma blessure, j'insiste pour rester le plus autonome possible! C'est un beau message ça hein?!


( Petite pensée pour ma Babe qui est en deuil de son père. Prenez un moment pour lui envoyer de l'énergie. )

dimanche, mai 15, 2016

Paiement et pensée positive

J’ai eu une prof qui n’arrêtait pas de mentionner à quel point elle en faisait beaucoup pour ses étudiants (nous). Permettez-moi de m’inspirer de ses lamentations et de vous rappeler à quel point j’en fais pour vous. Oui, je tente de vous culpabiliser.

Tsé, des poèmes, des listes, des textes remplis de sages conseils. Je fais tout ça pour vous. Mais cette semaine, je fais quelque chose pour moi. Ce texte est pour moi.

Voyez-vous, étant officiellement riche, avec mon revenu net de 10 000$, je n’ai plus droit à un aussi gros crédit d’impôt pour solidarité. Ben oui, fuck la solidarité pour les riches. Et j’ai reçu une lettre du gouvernement m’annonçant qu’ils m’en avaient trop donné pour 2015, et que je leur dois un gros 40$. Je n’ai pas le goût de leur envoyer un chèque, parce que ça coûte cher des chèques et il ne m’en reste presque plus, et en plus, les instructions disent de faire le chèque à l’ordre du ministre du Revenu du Québec. Le ministre? Veulent-ils dire le ministère? Dois-je mettre le nom du ministre? C’est qui le ministre du Revenu? Le ministre des Finances je sais c’est qui, le président du Conseil du trésor je sais c’est qui, mais le ministre du Revenu? Ou alors dois-je juste mettre le titre « ministre du Revenu »? C’est tellement angoissant!


Je ne suis pas capable de payer par internet, probablement parce que je suis technologiquement retardé, et aussi parce que j’ai oublié mon mot de passe... La lettre mentionne que je peux me présenter à une succursale de mon institution bancaire avec le bordereau de paiement. Alors je veux faire ça.

En plus, je trouve vraiment que je paie trop de frais. J’ai mon compte de banque depuis la quatrième année et je suis sûr que certaines modalités mériteraient d’être revues. Je veux bien croire que je suis rendu riche, selon le gouvernement, et que je peux me payer ça, mais moi je trouve que non, et j’aimerais mieux donner mon argent à quelqu’un d’autre qu’une banque. Genre envoyer mon argent à un centre d’achats quelconque. Tsé. J’ai payé mon inscription pour ma course qui me comblera d’une médaille, et c’était cher. Puis-je garder mon argent?!

Alors vous voyez, j’ai un urgent besoin d’aller à la banque, mais je suis juste trop lâche pour y aller, parce qu’aller à la banque c’est plate. Je me suis dit que si je faisais un scénario du déroulement idéal de la situation, ça me donnerait peut-être la motivation d’y aller.

J’essaie la visualisation positive.

Banquière- Bonjour!
Moi – Bonjour mademoiselle, j’aimerais payer ceci

Tends le billet.

Banquière – Ah mais bien sûr! Aucun problème monsieur vous avez bien fait de venir ici, pourrais-je avoir votre carte?
Moi – Oui, voilà.

Tends ma carte.

Banquière – Ça ne sera pas long.

Une minute d’attente.

Banquière – Voilà c’est fait. Puis-je faire autre chose pour vous?
Moi – Oui, serait-ce possible de prendre rendez-vous avec quelqu’un, un conseiller ou quelque chose comme ça, pour regarder les modalités de mon compte? Je trouve que je paie beaucoup de frais. Je vous aime beaucoup, mais pas tant que ça tsé.
Banquière- Mais bien sûr monsieur! Je vais vous prendre un rendez-vous avec monsieur Blabla, il est très gentil. Il devrait réussir à faire quelque chose pour vous.
Moi – Merci beaucoup mademoiselle.
Banquière- De rien monsieur.
Moi – Vous êtes bien gentille.
Banquière – Vous l’êtes plus que moi.
Moi – Hahahaha!
Banquière – Hahahaha! Puis-je faire autre chose pour vous? Voulez-vous un café? Un gâteau? Un french?
Moi – Non merci mademoiselle, j’essaie d’arrêter. Vous m’avez plus que comblé en exauçant toutes mes requêtes.
Banquière –Le service est important pour nous.
Moi – Maintenant je comprends pourquoi vous chargez aussi cher de frais!
Banquière – Hahahaha!
Moi – Hahahaha!
Banquière – Bonne journée monsieur!
Moi – Bonne journée mademoiselle!
Banquière – Profitez du beau soleil, bien que votre teint soit déjà ravissant!
Moi – Ah lala mademoiselle, vous allez me faire rougir!

OK, oui. Je suis prêt maintenant. Je vais y aller.
Si seulement ma banque avait des heures d’ouverture raisonnables…

dimanche, mai 08, 2016

T'es pas rendu comme ça?

Oui.
Je suis rendu comme ça.


J’ai une fascination pour les médailles et trophées. C’est comme la représentation physique d’un accomplissement. Tu as performé d’une telle façon, selon tels paramètres, dans tel contexte, bravo, voici un objet qui te dit que tu es bon. Étant un homme constamment insatisfait de lui-même, ce concept me parle énormément, car peut-être que si je ramasse un jour assez de babioles, je finirai par combler le vide existentiel qui me pousse à accomplir tous mes projets. Mais bon, ce n’est qu’une hypothèse!

Le plus dramatique dans tout cela, c’est qu’ayant été un enfant hautement non actif et non compétitif, je ne possède aucun trophée ou médaille, outre un Oscar en plastique rapporté d’Hollywood par une amie, une coupe #1, encore une fois en plastique, achetée au Dollorama et un trophée de quilles, en plastique aussi je crois, acheté au village des valeurs. Rien de gagné, aucun accomplissement.

C’est pourquoi mes oreilles se sont ouvertes lorsque l’été passé, un ami de mes parents a mentionné qu’au marathon des deux rives, ils donnent des médailles de participation.

QUOI?! Une médaille?! Et je suis assuré d’en avoir une?! Intéressant…

Bien entendu, il n’était pas question que je coure un marathon. Même pas un demi. Mais 10km… mesemble que c’est faisable ça…

J’ai donc entrepris un entraînement approximatif de tapis roulant. Bien entendu, étant néophyte et improvisant, je me suis blessé à un pied. Une inflammation du tunnel tarsien. Oui, c’est un bel accomplissement ça (pas de trophée par contre). C’est d’ailleurs pour cette blessure que j’étais allé voir mon ostéopathe, qui a mené à ma chute sur la glace et mon poignet foulé. Est-ce que j’écoute les signes de la vie? Ça a déjà été statué que non.

Une fois mon pied guéri, je me suis dit que je ne retomberais pas dans le panneau. J’ai demandé conseil au capitaine, cet athlète multifonctionnel qui m’avait appris à nager, ainsi qu’à une de mes enseignantes que j’adore, et qui est une coureuse de talent. J’ai regardé des vidéos sur YouTube, parce que vive la recherche, et j’en suis venu à quelques concepts de base, qui jusqu’à maintenant, semblent bien aller.

Cette semaine, accompagné du beau temps, j’ai commencé à courir dehors. J’ai donc mis mon super kit combines-shorts. Je ne courais peut-être pas comme un pro, mais bon Dieu que j’en avais l’air!

Je dois maintenant prendre un moment pour vous dire que maintenant que je cours, je me sens tellement mieux. Je me lève à 6h le matin et je vais courir, pis tsé, quand je le fais pas, j’ai comme un manque là, Tsé, courir c’est comme ma vie là, pis je calcule mon temps pis toute… OK non, je ne suis pas encore rendu là, mais il reste que je parle un peu trop souvent d’aller courir et que pour vrai, l’activité physique c’est miraculeux pour l’humeur. Ce n’est donc qu’une question de temps avant que je gagne l’attitude d’un vrai coureur (et la médaille! Je veux gagner la médaille aussi!)

Bref, si vous me voyez dehors courir cet été, premièrement vous ne me reconnaîtrez pas parce que j’ai l’air beaucoup plus cool que ce que je suis en fait, et aussi, ne venez pas me parler, parce que j’ai besoin de toute ma concentration pour ne pas mourir sur le trottoir. Bon, les références de prostituées ne me quitteront jamais…

Sur ce, hop! Dehors!

dimanche, mai 01, 2016

Ode à la fin de session (3)

Ce serait mentir de laisser croire qu’une fin de session ne se résume qu'à l’étude.
Une fin de session englobe une quantité incroyable d’activités, d’événements et d’émotions.

#1 Le cactus

Avant mon tout premier examen, mon amie Fofy et moi-même sommes allés nous acheter, respectivement, une plante grasse et un cactus. C’était les étudiants en je-ne-sais-trop-quoi qui en vendaient pour je-ne-sais-trop-quoi. Je voulais un peu de vie pour agrémenter mon bureau et je me suis dit qu’un cactus serait parfait. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est qu’après avoir fait des recherches, je me suis rendu compte que ça a besoin de soleil ça un cactus, alors pour mon bureau sans fenêtre, c’est un semi-échec… Mais bon, on verra comment il réagira…


Tout cela pour dire que Fofy et moi avons acheté nos plantes, et la jeune étudiante les a déposées dans un sac en papier brun. Nous avions l’air de deux personnes promenant un échantillon d’urine!

#2 Le rhume

Qui dit fin de session dit fin de stress. Mon corps étant maintenu en place par du stress et de l’angoisse, lorsque la première partie de l’équation tombe, les microbes en profitent souvent pour s’infiltrer. Bien entendu, deux jours avant mon dernier examen, le mal de gorge me prit. Suivi le lendemain de furieux écoulements de mucus dans la gorge.

Tellement furieux, que lorsque vint le temps de m’endormir, je sentais le flot couler allégrement. J’ai essayé de me coucher sur le dos, sur le côté, sur le ventre, assis, tout pour stopper le débit! Bien entendu, je ne cessais d’avaler, et je ne sais pas si c’était le fait de toujours avaler, ou le contenu de ces gorgées, mais le mal de cœur me prenait à chaque cinq minutes.

Était-ce un rhume, était-ce des allergies? Tout cela pour dire que j’ai finalement dû mettre deux mouchoirs sur mon oreiller et dormir la bouche entre ouverte pour que ça coule. Oui, j’ai dormi avec la joue sur ma flaque de salive! C’est vraiment chic.

#3 La porte

Depuis le début de mes études universitaires, lorsque mon père allait me reconduire, il m’incitait à passer par une porte en particulier. Cette porte était, apparemment, celle qu’il empruntait lorsque lui-même allait étudier dans ce pavillon. Un jour je lui ai dit : « arrête, je vais passer par cette porte-là après mon dernier examen! »

Eh bien, cette semaine nous sommes passés ensemble par la porte.

Ce fut un beau moment.