En route pour le restaurant, je fis face à une marée humaine de fans des Blue Jays qui sortaient d’un match. Tellement, que je dus me tasser du chemin pendant une dizaine de minutes pour laisser tout le monde passer. C’était ridicule.

Afin de rendre la soirée mémorable, je soupai au Bâton Rouge à côté de la tour, qui est elle-même plutôt à côté de l’amphithéâtre. L’idée étant que je pourrais sortir du resto et aller directement au spectacle. Toutefois, encore une fois victime de ma trop grande ponctualité, je terminai de manger une grosse heure et demie avant le début du spectacle. Maudite sois-tu serveuse efficace!

Finalement, suite à une fébrilité constante d’une heure, j’arrivai à l’entrée du Air Canada Center. La veille, lors de mon repérage, c’était un spectacle de Rush qui jouait, et il y avait de forts effluves de pot qui stagnaient au-dessus de la foule composée de vieux avec des vestes de cuir pas de manches, des jeunes avec des chemises à carreaux et des blousons de denim. Pour la légendaire et divine Bette Midler par contre, la fragrance ambiante étant remplacée par du No.5 et il y avait beaucoup de têtes blanches frisées et de cous ornés de perles. Disons-le tout de suite, une foule avec laquelle je suis beaucoup plus confortable. J’étais probablement le plus jeune de la place…

Je vous épargne les détails du spectacle, parce que je ne veux pas que ce livre compte deux mille pages. Si vous êtes curieux, allez voir sur YouTube. Je dirai seulement que c’était probablement le meilleur spectacle de tous les temps, et ce, en toute objectivité.

Elle fut légendaire et divine!


*

Le lendemain, après une autre tentative de déjeuner au sous-sol de l’auberge, qui résulta en le même échec que la veille, je me décidai à aller me remplir confortablement au McDonald. 


Parce que tsé, YOLO.


À la gare, je fus accueilli avec un service hautement personnalisé. Un homme vérifiait nos billets dans la file, et en voyant que j’allais à Québec, me dit « merci » au lieu de « thank you ». Je me sentis ô combien spécial. Merci VIA!

Ma première heure de train fut passée en grande partie à essayer de mettre un article de blogue en ligne par mon cellulaire. Ce fut plutôt long et pénible, en partie à cause des restrictions des applications et du concept d’appareil mobile.

À Montréal, je vis un homme mettre une boîte de beignes dans le compartiment de rangement au-dessus de son banc. J’eus alors une admiration sans fin pour cet homme qui clairement a le sens des priorités…

Tel fut mon fabuleux périple torontois.

Je passai les deux journées subséquentes à me noyer dans une déprime nostalgique de la grande ville et de la légendaire et divine Bette Midler, nostalgie que j’alimentai en regardant le plus de vidéos de la tournée sur YouTube…

Fuck les voyages, sérieux là.
Après mon souper, je décidai d’aller faire du repérage pour ma journée du lendemain. Encore une fois, lors de mon étude de la carte, j’avais vu le Eaton Center, qui était, selon mes souvenirs, au nord d’où j’étais. Mais faut croire que mon étude avait été vraiment boiteuse, car, comme pour les restaurants, je me perdis.

Je passai au travers du village gai.
Et comment ai-je fait pour me rendre compte que j’étais dans le village gai? Je vous laisse la façon dont je l’ai raisonné avec l’héritier.

Moi – Je pense que je suis dans le village gai là.
Moi – Y’a des arcs-en-ciel partout et j’ai vu un gros gars promener deux caniches hahaha!
L’héritier – Ouais bon indicateur.
Moi – Pis y’a un monsieur qui marche en snappant des doigts avec le beat de la musique techno-esque qui joue dans la rue hahaha!


Finalement, ma conclusion fut que j’étais rendu beaucoup trop loin et que j’avais manqué le Eaton Center, je rebroussai donc chemin, et, par tout hasard, en empruntant une rue perpendiculaire, j’arrivai sur LA rue commerciale. Bingo! Ils étaient tous là, tous les magasins possibles et imaginables, en plus du centre d’achats tant convoité. Le plus ridicule, est que j’étais allé environ trois fois trop loin, et que si j’avais seulement emprunté la bonne rue dès le départ, je l’aurai trouvé très facilement. Mais hey, au moins j’ai pu m’acheter une panoplie de cock rings à rabais d’un vieil homosexuel!
Mais non! Ce n’est pas mon genre d’achat!
Il n’y aurait probablement pas eu assez de place dans mon casier pour les ranger…

Le dernier endroit à repérer était l’arrêt ultime de mon pèlerinage torontois, le Air Canada Center, où, dans environ 24h, je serais en la présence de la légendaire et divine Bette Midler. Toujours selon mon étude, que je remettais en question d’heure en heure, il était supposé être très prêt de la gare de train. Et savez-vous, enfin une chose que j’ai eue de correct! Il était effectivement juste à côté, et je le trouvai très facilement.

Un petit beigne pour célébrer une journée bien chargée et je retournai dans mon corridor pour me coucher. J’étais au lit à 9h, mais j’attendis que le soleil se couche complètement avant de dormir, parce que quand même là, c’est ben beau être fatigué, mais y’a des limites!


*
Intermède sur ma nuit.
Celui couché sous moi ronflait comme trois trains qui essaient de monter une côte. Vous avez peut-être déjà dormi à côté de quelqu’un qui ronfle, mais au-dessus de quelqu’un qui ronfle, c’est une expérience indescriptible.
Calvaire.

*

Malgré le canadien national sous mon lit, la nuit fut réparatrice, et je me réveillai prêt à attaquer la journée du bon pas. Ça aide beaucoup quand tu sais que tu es à environ douze heures de voir la légendaire et divine Bette Midler. Vous aussi vous auriez été fébriles.

Je m’habillai, me lavai le visage dans la salle de bain commune et appliquai une généreuse couche de crème solaire, car je comptais passer la journée dehors à marcher, et n’oubliez pas les enfants, le cancer de la peau, c’est dangereux!

Il y avait un déjeuner compris dans mon séjour, qui était, selon le gars à l’accueil, « really delicious ». Je descendis donc au sous-sol, emplacement de la cafétéria. Je fus accueilli par des tables vides, et personne. Ne comprenant pas vraiment comment tout cela fonctionnait, et voulant limiter les interactions au minium avec les aubergistes, je quittai et retournai au Tim Hortons qui m’avait gracieusement fourni mon beigne d’hier soir.

J’étais trop tôt pour l’ouverture des magasins, je décidai donc d’aller voir la tour du CN de plus près. Je n’étais définitivement pas le seul à avoir pensé à ça, car il y avait déjà une file… mais hey, au moins la porte est jolie! Je continuai mon chemin et retournai au Air Canada Center, maintenant consacré lieu sain. En voyant l’immense pancarte au-dessus des portes « Bette Midler tonight », j’eus une émotion, que je tentai de retenir, parce que dès que je mouille de l’œil un peu, ma crème solaire me chauffe les yeux et ça devient infernal.

Toujours non-aveugle, je me rendis aux magasins.

« Énorme » ne commence même pas à bien décrire l’échelle. C’était un centre d’achats à perte de vue! Probablement que lorsque ma mère va mourir, son paradis va ressembler à ça. Je passai donc l’avant-midi à me promener là-dedans, en ne dépensant pas vraiment, vu l’étroitesse de mon casier de sécurité tsé.


Après un diner thaï peu alléchant, je retournai à mon lit pour me reposer un peu.

Je fis un caca. Information agréable à mentionner comme ça. Surtout lorsqu’on sait qu’en voyage, j’ai l’intestin précieux…

Ma mère, avec qui je textais semi-régulièrement, me mentionna le nom d’un parfum qu’elle voulait que je lui trouve. Ayant encore tout l’après-midi devant moi, je retournai à la Mecque du commerce de détail, malheureusement en vain. Afin de faire passer le temps et la déception de ne pas être un bon fils, je pris une autre marche dans le coin. Je me ramassai dans un joli petit parc, où des musiciens s’adonnaient à un spectacle. C’était sympa!

Avant de retourner à ma chambre, je m’assis devant l’église et j’enlevai mes souliers. La veille, j’avais remarqué un petit dégagement odoriférant, et j’étais convaincu que le corridor n’avait pas besoin de plus d’odeurs. Je discutai avec un pigeon et assistai à l’arrivée des membres d’une délégation de mariage.
Cinq heures trente minutes de train plus tard, enfin à Toronto. Non, mais pour vrai, enfin!
Il y avait un enfant derrière mois et il me tapait sur les nerfs! L’adulte qui l’accompagnait n’était lui aussi vraiment pas une lumière.


La première chose que je fis en sortant de la magnifique gare de train fut, après avoir pris un moment pour me dire « hey cool, je suis à Toronto! », de me diriger à mon auberge pour pouvoir y laisser mon sac à dos. Je ne voulais pas devenir le touriste qui se fait voler ses affaires tsé!

Étant donné son emplacement hyper pratique, je la trouvai en quelques minutes. Elle était située à côté d’une jolie église. Je payai les maigres frais pour mon bref séjour et me rendis à ma chambre.

C’était pas mal plus un corridor qu’une chambre, avec quatre lits superposés sur le long d’un mur, et une grande fenêtre au bout. Les lumières étaient fermées, le rideau aussi. Ils m’avaient assigné un lit du dessus, et mon voisin du bas dormait. À quatre heures trente de l’après-midi. Il dormait. Je localisai mon casier de sureté, pour mettre mon sac, et me rendis compte qu’il était trop petit. Bon OK, c’est peut-être mon sac qui était trop gros, l’héritier ne cesse de rire de la grosseur de mon sac à dos, mais bon, il y avait une incompatibilité de format entre le casier et mon sac, disons ça comme ça.

Bien entendu, une vive paranoïa s’installa en moi, nourrie par la voix fantomatique de ma mère dans ma tête qui disait « là fais attention pour pas te faire voler! »

Prenons un instant pour noter que de tous les locataires de la chambre, à en juger par les sacs et valises qui traînaient, j’étais le seul qui avait une névrose de ce genre, car à ce que j’ai vu, aucun casier était utilisé… Peut-être qu’ils les trouvaient trop petits eux aussi.

Je vidai donc le contenu précieux de mon sac (passeport, livres, 3DS, billet de spectacle, etc.) dans la case, et je laissai mon sac sur mon lit, vaguement caché par ma couverture.

Mais là je vous entends, vous ne devez sûrement pas être satisfaits de cette description très factuelle. C’est ma première expérience d’auberge de jeunesse, moi, personnage plutôt luxueux.
Vous voulez savoir combien de fois mon œil a sauté quand je me promenais là-dedans…
Vous voulez savoir ce que j’ai pensé des couleurs très étranges qui ornaient les murs…
Vous voulez savoir comment j’ai trouvé l’odeur de sueur et de renfermé qui m’a frappé quand je suis entré dans ma chambre la première fois…
Vous voulez savoir ce que j’ai pensé des meubles dépareillés de l’aire commune au rez-de-chaussée…
Vous voulez savoir ce que j’ai pensé du gars à l’accueil qui était beaucoup trop chill et qui disait « yeah man! » un peu trop souvent…

Vous le savez ce que j’ai pensé… faites pas semblant.


Donc, une fois mes biens en sécurité, je quittai ce nid douillet, car j’avais une énorme faim, n’ayant pas mangé depuis mon déjeuner de neuf heures trente.

Je retournai dans le coin de la gare, car, en étudiant le plan du centre-ville la veille de mon départ, j’avais cru voir qu’il y avait des restaurants dans le coin. Ayant été incapable de faire fonctionner le wi-fi dans ma chambre, et ainsi mieux cibler ma route, je demandai à l’héritier de me venir en aide, en me guidant par textos vers des restaurants sympathiques. Il fut dans l’impossibilité de réaliser cette tâche, et me laissa donc avec un YOLO.

Photo obligatoire de la tour du CN, passage devant le temple de la renommée du hockey, arrêt à la CBC pour faire ma fillette énervée devant l’immense photo de Peter Mansbridge collée sur les murs et fenêtres, et j’arrivai devant le Simcoe Place. Je n’avais aucune idée de ce que c’était, mais j’ai pensé à Simon Cowell, et je me suis dit que One Direction voudrait sûrement que j’entre là-dedans. En plus, c’était écrit qu’il y avait des restaurants. Je mangeai du McDo, parce que YOLO tsé..

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