Médaillé!
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Bon retour de vacances groupe!
J’espère que vous avez passé
un bel été, maintenant tout cela est terminé. Il ne nous reste plus qu’à
regarder la nature mourir et attendre que la neige tombe. Je vous règle ça les
saisons moi.
Mais laissez-moi vous parler des
choses importantes de ce monde. Oui, ma médaille. J’ai une médaille.
Je vais le redire pour plus
d’emphase : J’AI UNE MÉDAILLE!!
Ce printemps j’ai fait mon
coming-out en tant que coureur. En tant que personne qui glisse avec des degrés
variables de subtilité dans ses conversations des « je suis allé
courir », « je courais », et « je cours », et qui
bonifie toujours ces allusions de nombreux : « ça me fait du
bien » et « je me sens tellement mieux ». Bref, le stéréotype
parfait de la personne fatigante circa 2012 (Vous souvenez-vous en 2012 quand
TOUT LE MONDE courait et que c’était donc bien LA chose? Je suis en retard sur
les tendances).
Bref, mon coming-out avait
provoqué un « ah ouin, t’es rendu comme ça » de la part de mon ami
Rockstar, et j’avais écrit un texte à ce sujet. Vous pouvez aller le lire pour
vous rafraîchir la mémoire.
Pourquoi ai-je commencé à
courir? Pour les bienfaits sur ma santé? Non. Pour une endurance et un cardio
plus puissant? Non. Pour l’aspect social de la chose? Non. Vous vous
souviendrez tous, j’ai commencé à courir pour avoir une médaille. Car selon
personne, et surtout pas la psy que je suis allé voir, cette médaille serait
une manifestation physique d’un accomplissement et d’un succès et comblerait
enfin le vide de ma satisfaction de soi.
Et un gros vide requiert un
gros bouchon, car ça a coûté 100$ pour s’inscrire à cette course! 80$, plus des
taxes, plus des frais, plus ci, plus ça… J’ai fini, suite à des calculs
estimatifs très poussés, par définir que si je voulais entrer dans mon argent,
je devais boire pour 15$ de Gatorade (après avoir accordé des valeurs à la
médaille, au t-shirt cadeau, à l’événement en tant que tel, etc.)
Et maintenant, pour toutes les
personnes équilibrées qui n’ont pas besoin de preuves physiques pour se
remonter l’estime, ou qui n’ont pas la santé ou le désir de courir 10km, voici
un compte rendu de ma course :
10km : OK, c’est un départ. Y’a pas trop de monde malgré tout, ça va bien
aller. Je suis capable, je veux ma médaille. Il fait beau, pas de soleil, un
peu frais, temps idéal. Je suis capable!
9km : Haha, c’est drôle les gens qui sont sur le bord de la route et qui nous
encouragent. Je l’apprécie, mais vous avez pas de vie? Vous ne pourriez pas
occuper votre temps de façon plus efficace?
8km : Ah yes, station de ravitaillement, je vais commencer à gruger mon 15$...
Quoi?! Juste de l’eau! Fuck ça!
7km : Ah c’est bien, c’est vraiment moins condensé que je pensais, ça
court bien. Je vais me mettre un peu sur le côté ici et marcher une minute.
6km : Bon, on dirait que je commence à être tanné là.
5km : Enfin du Gatorade! Mais maudit, y’a juste un demi-verre, ça doit
valoir 75¢ pas plus!
??? : OK, j’ai passé le 5km, il m’en reste moins à faire que ce qu’il y a de
fait, ça va bien aller.
??? : Bon, je suis rendu à combien là? Ça fait un bout j’ai pas vu d’affiche.
3km : Quoi?! Y’est où le 4? Fuck que je suis tanné!
2km : Encore du Gatorade! Gloup gloup! J’en ai pour 1$-2$, je vais jamais
rentrer dans mon argent maudit!
1km : AHHHHH!!!
500m : Ah ma mère est là et elle me filme! Je m’approche d’elle et je lui
dis « chu pu capable! » Ça fait une bonne vidéo.
250m : OK, y’a trop de monde, et je vais probablement mourir. Et bien
entendu, voulant que ça finisse plus vite, j’accélère, parce que ma logique est
implacable.
Arrivée : Calvaire! Pu capable. ELLE EST OÙ MA MÉDAILLE!!! Oh, du Gatorade,
merci! Je bois le verre au complet, au moins 1$. Jackpot! Ils donnent un sac
avec plein de collations, banane, galette, jus, yogourt, etc. Je suis satisfait
et déclare que je suis rentré dans mon 15$
Alors maintenant, si je
comprends bien, en tant que médaillé, je peux défoncer des salles de bains dans
les pays étrangers que je fréquente, et on va justifier mon comportement avec
un simple « boys will be boys », c’est ça?
Ah, on m’annonce que c’est
seulement au niveau olympique que cela fonctionne, zut!
Mais le fait est que
maintenant que j’ai une médaille au cou, je me sens… comme avant? Merde, moi
qui pensais que ce serait la panacée à tous mes maux. Va pas falloir que je
continue ma thérapie là? Calvaire…