Le féminisme expliqué à mes parents

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J’étais tout fier de moi, j’avais trouvé un chou-fleur en spécial à l’épicerie.
J’aime pas mal ça le chou-fleur, je trouve que c’est un légume sous-estimé.
Je revenais donc du travail et je décantais tranquillement devant mon ordinateur, me préparant psychologiquement à faire cuire mon chou-fleur pour accompagner le restant de pâté à la viande que j’avais fait cuire la veille.
Un vrai Ricardo toi chose!
Quand tout à coût, je reçois un message texte de ma mère qui me demande si je veux aller souper dans un établissement à la forme d’un prisme triangulaire regroupant plusieurs comptoirs de restauration rapide près de chez moi.
Avec un pincement au cœur, je dis au revoir à mon chou-fleur et rejoins mes parents. (Je veux dire, me faire payer le lunch et pas avoir à cuisiner? Toujours, chou-fleur ou pas chou-fleur.)
Après le souper, ma mère va se chercher un cornet. Mon père jalouse le dessert et adopte un comportement offensé blagueur au fait que ma mère ne lui en n’a pas apporté un. Ma mère mord à l’hameçon avec la même force que les poissons que j’avais pêchés avec un morceau de blé d’inde au bout de ma ligne à 8 ans dans une mare de dix pieds carrés sur l’île d’Orléans.
N’ayant plus aucune patience pour leur « jeu » de couple dysfonctionnel et ne voulant pas que la bisbille prenne de l’ampleur, j’avertis mon père :
« Papa, quand tu agis comme ça, les féministes gagnent. »
Intrigué, il cesse sa pseudo-victimisation et me demande d’expliquer (pendant ce temps, ma mère liche son cornet).
« Les féministes gagnent parce que tu adoptes un comportement femellisé. Là tu te plains, tu fais semblant d’être offusqué et de faire pitié. Pour être un vrai homme, il faut que tu refoules tes émotions le plus profond possible. »
Amusé, mais pas nécessairement convaincu, une solution mitoyenne est trouvée : mon père va s’acheter un bébé cornet. Il revient avec son dessert au format ridicule dans les mains, et a l’air d’un homme qui a cambriolé la cuisine d’une maison de poupée.
Ma mère, observant l’apparence des jeunes qui fréquentent l’établissement à la forme d’un prisme triangulaire regroupant plusieurs comptoirs alimentaires, lance un de ses commentaires classiques :
« Je sais que je suis fatigante avec ça, mais moi les gars de vingt, trente ans, qui ont les airs de des ados, j’pas capable! »
Elle est en effet fatigante, car à ce jour, je suis incapable de porter une casquette. J’ai sa voix en écho dans ma tête qui me dit que j’ai l’air d’un ado, que j’ai l’air fou, etc. Pourtant j’ai plein d’amis qui portent des casquettes, tous les gars portent des casquettes, j’aimerais avoir l’air cool.
Ça sera pas long, je vais rajouter ça à la liste des raisons de pourquoi je devrais retourner voir ma psychologue… Ok c’est fait.
« Pourquoi ils ont pas l’air de des hommes? »
« Bien c’est parce que les filles ne veulent pas avoir des hommes, elles veulent avoir des enfants qu’elles peuvent contrôler et materner », réponds-je.
« Et pourquoi elles ont l’air de des petites ***** alors? »
« C’est très simple, parce que ce sont des femmes et elles peuvent avoir l’air de n’importe quoi! »
Bon, je vous promets que je ne me suis pas radicalisé à l’extrême droite durant l’été.
En fait, c’est que j’ai finalement donné mon chou-fleur à ma mère, car je quittais pour la fin de semaine pour aller visiter l’Héritier, maintenant déménagé dans la métropole. Je lui avais dit que je l’avais payé en spécial et d’en profiter.
Voici son allure présentement. 

Il sera jeté ce soir.
Je vis très mal cette déception.
Une chance qu’il n’était pas plein prix!


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