Le féminisme expliqué à mes parents
/
0 Comments
J’étais tout fier de moi, j’avais
trouvé un chou-fleur en spécial à l’épicerie.
J’aime pas mal ça le chou-fleur,
je trouve que c’est un légume sous-estimé.
Je revenais donc du travail et je
décantais tranquillement devant mon ordinateur, me préparant psychologiquement
à faire cuire mon chou-fleur pour accompagner le restant de pâté à la viande
que j’avais fait cuire la veille.
Un vrai Ricardo toi chose!
Quand tout à coût, je reçois un
message texte de ma mère qui me demande si je veux aller souper dans un
établissement à la forme d’un prisme triangulaire regroupant plusieurs
comptoirs de restauration rapide près de chez moi.
Avec un pincement au cœur, je dis
au revoir à mon chou-fleur et rejoins mes parents. (Je veux dire, me faire
payer le lunch et pas avoir à cuisiner? Toujours, chou-fleur ou pas
chou-fleur.)
Après le souper, ma mère va se
chercher un cornet. Mon père jalouse le dessert et adopte un comportement
offensé blagueur au fait que ma mère ne lui en n’a pas apporté un. Ma mère mord
à l’hameçon avec la même force que les poissons que j’avais pêchés avec un
morceau de blé d’inde au bout de ma ligne à 8 ans dans une mare de dix pieds carrés
sur l’île d’Orléans.
N’ayant plus aucune patience pour
leur « jeu » de couple dysfonctionnel et ne voulant pas que la
bisbille prenne de l’ampleur, j’avertis mon père :
« Papa, quand tu agis comme
ça, les féministes gagnent. »
Intrigué, il cesse sa
pseudo-victimisation et me demande d’expliquer (pendant ce temps, ma mère liche
son cornet).
« Les féministes gagnent
parce que tu adoptes un comportement femellisé. Là tu te plains, tu fais
semblant d’être offusqué et de faire pitié. Pour être un vrai homme, il faut
que tu refoules tes émotions le plus profond possible. »
Amusé, mais pas nécessairement
convaincu, une solution mitoyenne est trouvée : mon père va s’acheter un
bébé cornet. Il revient avec son dessert au format ridicule dans les mains, et
a l’air d’un homme qui a cambriolé la cuisine d’une maison de poupée.
Ma mère, observant l’apparence
des jeunes qui fréquentent l’établissement à la forme d’un prisme triangulaire
regroupant plusieurs comptoirs alimentaires, lance un de ses commentaires
classiques :
« Je sais que je suis
fatigante avec ça, mais moi les gars de vingt, trente ans, qui ont les airs de
des ados, j’pas capable! »
Elle est en effet fatigante, car
à ce jour, je suis incapable de porter une casquette. J’ai sa voix en écho dans
ma tête qui me dit que j’ai l’air d’un ado, que j’ai l’air fou, etc. Pourtant
j’ai plein d’amis qui portent des casquettes, tous les gars portent des
casquettes, j’aimerais avoir l’air cool.
Ça sera pas long, je vais
rajouter ça à la liste des raisons de pourquoi je devrais retourner voir ma
psychologue… Ok c’est fait.
« Pourquoi ils ont pas l’air
de des hommes? »
« Bien c’est parce que les
filles ne veulent pas avoir des hommes, elles veulent avoir des enfants
qu’elles peuvent contrôler et materner », réponds-je.
« Et pourquoi elles ont
l’air de des petites ***** alors? »
« C’est très simple, parce
que ce sont des femmes et elles peuvent avoir l’air de n’importe quoi! »
Bon, je vous promets que je ne me
suis pas radicalisé à l’extrême droite durant l’été.
En fait, c’est que j’ai
finalement donné mon chou-fleur à ma mère, car je quittais pour la fin de
semaine pour aller visiter l’Héritier, maintenant déménagé dans la métropole.
Je lui avais dit que je l’avais payé en spécial et d’en profiter.
Voici son allure présentement.
Il sera jeté ce soir.
Je vis très mal cette déception.
Une chance qu’il n’était pas
plein prix!