dimanche, novembre 22, 2015

Boire de la pseudoscience

En fin de semaine, nous avions de la grande visite, la délégation montréalaise, ami de l’héritier, était en ville. Il m’en avait souvent parlé, mais je ne l’avais jamais rencontré. J’étais donc très heureux de pouvoir enfin le voir.

Ils avaient comme plan, la délégation et l’héritier, d’aller prendre un verre avec une de leur amie, et j’ai été invité. Invitation que j’ai naïvement acceptée, malgré le fait que c’était dans un endroit de « mixologie ».

Prenons un moment pour en parler.

Parce que je suis quelqu’un de foncièrement étrange, lorsque j’entendais le mot « mixologie » je ne faisais pas fait le lien avec le mot « mix ». Je pensais à je ne sais quoi, mixo, mixol, mucus, miction… Ce n’est que lorsque j’ai découvert que c’était simplement du monde qui fait des drinks que j’ai été totalement découragé par où la vie était rendue. Pour vrai là? C’est rendu qu’il faut légitimer les barmans? Faut nous faire croire que leur travail s’inscrit dans une démarche scientifique, faut leur donner un nom en –logie à connotation scientifique?
Pouvez-vous me dire c’est quoi la différence entre un mixologue et un enfant de deux ans qui décide de te faire « à déjeuner » et qui te sert, avec tes crêpes à la boue, un verre d’un mélange de tout ce qu’il y a dans la porte du frigo? C’est tu un mix ça? À partir de quoi que quelque chose devient un « mix »? C’est quoi la différence entre un enfant et un mixologue à part une barbe et des tatous?
Quand c’est rendu que tu trouves que te faire un drink c’est une science, c’est parce que tu bois trop et il est temps que tu te trouves une vie!

Donc, mardi soir j’écris la réflexion que vous venez de lire, et je dis à l’héritier que j’ai commencé le texte sur notre sortie de vendredi.

L’héritier – Ahahah ça s’est même pas produit
Moi – Je sais! Mais j’ai quand même des choses à dire sur la mixologie et les mixologues, alors ce sera écrit hahahaha!
L’héritier – Ahahahah d’accord! Tu vas peut-être changer d’avis!
Moi – Hahahaha tu me connais trop bien pour pouvoir dire ça et le croire, franchement!


Vendredi soir se présente, et je me rends avec l’héritier au lieu de rencontre, pendant que la délégation termine de se préparer. L’amie arrive, et nous entrons. La fille à l’accueil nous reçoit et nous dit, en pointant une table faite d’une souche d’arbre à géométrie variable : « Vous pouvez laisser vos coats au vestiaire et vous asseoir à la table fuckée là en attendant qu’on vous place à votre vraie table. »
Ah oui? Ça fait partie des qualificatifs officiels de l’établissement? Je peux donc l’employer et traiter tout de fucké et je ne serai pas désagréable?

Rendus à notre « vraie » table, celle-ci, non fuckée, je me mets à observer autour de moi. En effet, l’observation s’avérait être la seule action qui me restait, car la musique était tellement forte que mes oreilles étaient hautement inutiles (en relisant mes notes prises durant la soirée, j’ai remarqué que je l’avais écrit à deux reprises : « excessivement bruyant » et « tellement bruyant »). C’est là que je prends un moment pour apprécier les belles bretelles blanches d’un des barmans, les plis de crâne du coco rasé à la table derrière la nôtre, les grosses craques de boules de la gent féminine, bref la clientèle très respectable de l’établissement.

Nous recevons les menus, je prends cinq minutes à me choisir un drink, parce que je suis le genre à aimer faire durer les calvaires, tsé, un peu masochiste. Je finis par prendre la même chose que ce que l’héritier commande, comme ça je pourrai lui donner si jamais je n’aime pas ça. Bref, je vais lui donner. Arrive un verre rempli de feuilles de menthes et de petit jus rouge qui goûtait vraiment excessivement louche, mais je me dis que peut-être que les gens autour de moi boivent pour rendre cet endroit plus tolérable, alors fuck it, j’agrippe la paille et je le finis avant tout le monde.

Une fois nos premiers « mix » terminés, car n’oublions pas que nous venions de consommer le fruit d’une étude scientifique, la délégation ainsi que l’héritier me demandent si je veux prendre de la sangria. Pour me convaincre, ils me montrent le menu, qui décompose le contenu de ladite sangria. Je lis cela, tout à fait inutilement, car j’ai fuck-all idée de c’est quoi ces mots là, jusqu’à ce que j’arrive à « soda gingembre ».

« Ah ben y’a du ginger ale, fuck it, je vais en prendre! »

J’ai vraiment essayé de trouver et de me concentrer sur goût du ginger ale, mais je l’ai pas vraiment décelé avec mes papilles sous performantes, donc ça goûtait plutôt louche.

Le compte est maintenant rendu à trois verres : un mix de feuilles et deux verres de non-ginger ale. À cette étape, voici quelques réflexions :

-Je ne comprends pas l’espèce de courant dans les nouvelles places tendance d’avoir un style : « et si un douchebag avait un profil Pinterest, ça donnerait quoi? » Les logos, les décors, c’est très recherché tout en étant vaguement colon…

-La table derrière nous avec la tête plissée s’est commandé ce que je ne peux que décrire comme étant un berceau rempli de bouteilles d’alcool. Vous aviez pas le goût de les prendre une à la fois? Était-ce un rabais de gros? Sommes-nous au Costco? Ou est-ce alors le programme de l’école de mixologie? Voici l’examen final, mélangez tout ceci!

-Apparemment il y a avait quelqu’un d’occupation double de présent, mais vraiment, en 2015, est-ce que ça intéresse encore quelqu’un ça?

-Il n’y a pas assez de bouteilles d’eau.

Après avoir bu ce que nous avions à boire, mes comparses décident d’aller chez d’autres amies qui étaient apparemment en train de boire chez elles. Je profite donc du moment pour les quitter, en regrettant toutefois que mon premier contact avec la délégation montréalaise se soit fait dans des circonstances semblables.

Je retourne chez moi étourdi, les oreilles qui cillent, et avec une féroce envie de pisser suite à tous les verres d’eau que j’ai bus pour essayer de diluer l’alcool et enlever mon étourdissement.

Mais bon, en conclusion, c’est bien de me faire subir ça de temps en temps pour confirmer l’insignifiance de la chose, et renforcer ma misanthropie.

Ça reste pas une science par contre.


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