Depuis plusieurs semaines, je participe au défi des « 100 jours de bonheur » et je crois que mon mojo en est fortement affecté. Le défi est très simple, il faut que je prenne une photo par jour de quelque chose qui me procure du bonheur, pendant cent jours.
C’est une affaire de fifille un peu mignonne (ça vous donne une idée de l’état dans lequel j’étais lorsque j’ai débuté ce défi, qui normalement aurait été accueilli avec dédain et moquerie), et je ne sais pas si c’est le défi en tant que tel, si c’est le fait que j’ai terminé ma session, le fait qu’il fasse beau, un effet placebo, en tout cas, il me semble que je suis plus heureux.

Et là, c’est bien beau, « être plus heureux », mais ça reste vaguement théorique… jusqu’au jour où possiblement ce bonheur se métamorphose et se traduise en un événement hors du commun…
Quelqu’un est venu s’asseoir à côté de moi dans l’autobus!
Oui! Un autre être humain a décidé, sans doute apparent, de s’asseoir à côté de moi.
À côté de moi!
Simplement pour guider votre interprétation de lecture, ce ne sont pas des « à côté de moi » remplis de « je suis tellement heureux de sentir une présence humaine à mes côtés! » (Vous vous en êtes sûrement doutés.)

Pendant des années, j’avais réussi à maîtriser un langage corporel qui faisait en sorte, et ça en était devenu presque drôle, que personne ne s’assoyait à côté de moi dans l’autobus. Il est même déjà arrivé que quelqu’un reste DEBOUT plutôt que d’utiliser le siège à côté de moi. Lorsqu’ils avaient le choix, les gens prenaient systématiquement un autre banc. Nombreuses sont les fois où mon trajet s’est fait sans voisins, dans la paix et le confort.

Et là, il y a une femme, qui est entrée dans l’autobus, comme si ça lui appartenait, et qui est venue s’asseoir directement à côté de moi comme une espèce de conne qui s’approprie tous les droits!

C’est quoi le problème, suis-je rendu accessible?
Ai-je l’air du gars à qui on peut parler?
Vais-je devoir aller travailler en vente afin de mettre à profit cette nouvelle aura d’ouverture?

Elle s’est assise… à côté de moi!

Mais non, je ne dois pas m’en faire, l’autobus était bondé, elle était sûrement désespérée cette dame. Assez pour s’asseoir à côté de moi.
Ouais, c’est ça. Je suis correct…

 
Oui, encore une fois, je parle de nage.
Ça faisait un bout que je ne vous avais pas écoeuré avec ça.

Eh bien, savez-vous quoi? J’ai enfin un maillot « de nageur », c'est-à-dire très court, très serré, et pratiquement indécent. C’est vraiment merveilleux! Je n’ai plus l’impression que j’ai une couche qui risque de glisser quand je pars à nager. Je suis comme un dauphin! Bon OK, un dauphin à qui il manque une nageoire, qui a plusieurs cicatrices parce qu’il s’est fait frapper par des bateaux et qui ne voit pas très clair, mais un dauphin tout de même, j’ai évolué de mon ours. Mes bras ont maintenant la fluidité d’une machine à vapeur prête pour un bon huilage, mais ils sortent de l’eau et font des vagues! Et le plus important, c’est que quand je finis, j’ai de bonnes douleurs aux bras, aux épaules et à la poitrine. Des douleurs de « j’ai forcé et mes muscles sont fatigués » là, pas des douleurs de crise cardiaque, inquiétez-vous pas!

J’ai entrepris la très lourde tâche de me mettre le visage dans l’eau lorsque je nage, petit truc apparemment très pratique pour avancer. Malheureusement, mes cheveux me cachent rapidement le visage après une ou deux secondes, et j’ai l’impression que je me fais attaquer par la créature du lagon noir, ou alors sa proche cousine, la motte de cheveux pognée dans le fond de la douche. Alors là j’attends que mes cheveux poussent un peu plus pour pouvoir les attacher et ainsi m’enlever cet obstacle. Oui, je pourrais mettre un « cass’dbin », mais j’ai une petite tête et une grosse face alors je ne suis pas vraiment joli avec ça… Je tente de maintenir une apparence humaine, du moins physique, parce que niveau comportemental, on sait tous que je suis un robot.

J’ai aussi gradué à la piscine pour adultes, communément appelée « les corridors ». Ma tragique absence de cardio fait en sorte qu’après deux longueurs (100m), je renoue avec Jésus Christ et j’attends le moment où il me soulagera de toutes mes souffrances… Mais après ça je reprends mon souffle et je repars et ça va pas pire. Mon record est de 600m, soit la moitié de ce que mon ami le Capitaine, cet adonis barbu, tatoué et incroyablement en forme, fait. Notons que ce chiffre, mis dans ce contexte, a grandement impressionné ma mère.

Parlant du Capitaine, il m’a officiellement flushé. Il a déménagé et a quitté la ville. Ceci m’attriste au plus haut point, toutefois, j’ai découvert qu’en éliminant les vingt, vingt-cinq minutes de conversations que nous avions, je peux nager beaucoup plus. Ouin. Qui l’eût cru! Mais bon, je savais que ça s’en venait un jour, et je suis très reconnaissant de tout ce qu’il m’a montré. Il me manque et je l’aime beaucoup.

Mais je ne suis pas seul! Ma très chère mère s’est jointe à moi, c’est notre activité mère-fils. Ça me remplit d’une joie indescriptible de la voir faire de l’exercice…
Et aussi d’avoir un lift!

Je fêtais ma fin de session chez des amis, et j’ai découvert une face cachée de ma personnalité qui me déçoit énormément.

Figurez-vous que j’ai bu de l’alcool.

Je sais, ce n’est pas une phrase à vous faire sursauter et saisir vos perles.

Venant de moi, c’est peut-être plus étrange, puisque je ne suis pas quelqu’un qui normalement boit autre chose que de l’eau. Mon attitude anti-alcool a d’ailleurs toujours été ce qui me démarque de mes camarades générationnels…
Mais bon, j’ai flanché, j’ai voulu souligner de façon « forte » (à mes yeux) la fin d’une session scolaire de merde, ce n’est pas ça le problème. Le problème, c’est comment je me suis comporté.

J’étais heureux.

J’étais gentil!

J’étais friendly avec le monde!!!

Je me suis longtemps restreint de boire parce que je me disais que j’ai de la difficulté à retenir mes jugements et ma hargne « sobre », que serais-je avec une petite poussée dans le dos de « monsieur alcoco ». Que se passerait-il avec le filtre? Et là, pouf! Quelle fucking déception!

« Ouais, mais c’est tant mieux Paxton, tu vas pouvoir faire le party, avoir du fun, être gentil! »

Fuck le party! Le party c’est pour les gens vides qui cherchent à se sauver de leur réalité plate et qui veulent à tout prix trouver un peu de bonheur. Eh bien, moi je suis contre le bonheur! Je suis contre cette quête incessante et inutile du bonheur! Ça ne sert à rien! Vis ce que tu vis et apprécie chaque émotion pour ce qu’elle est et peut t’apporter.

Et plus important, je ne suis pas censé être gentil! J’ai passé des années à aiguiser mes dents, mes griffes et mon cerveau pour être capable de détruire n’importe qui avec trois ou quatre mots, et là, avec un nombre similaire de verres, tout ce travail part en fumée!

(Oui il est important de noter que je suis dans l’incapacité de jauger correctement le niveau d’affaiblissement de mes facultés, étant donné mon manque d’expérience. Je ne sais pas si j’étais « réchauffé », « pompette », « chaud », « saoul », etc. Tout ce que je sais, c’est que la pièce tournait un peu quand j’étais debout.)

Une chance qu’il n’y avait pas d’inconnus, je leur aurais peut-être parlé!

C’est honteux!

 
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