Une rose sous tout autre nom sentirait aussi bon
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«Qu'y a-t-il en un nom? Ce que nous nommons rose, sous tout autre
nom, sentirait aussi bon.»
On sait qu’on va passer du bon temps quand on
commence avec une citation de Shakespeare, tsé.
Récemment, j’ai été confronté au pouvoir du
nom.
C’est puissant un nom, n’en déplaise à notre
chère Juliette, qui avait, on s’entend tous, un agenda plus ou moins caché à
cracher sur le concept du nom.
Si vous ne me croyez pas, on va faire un
exercice ensemble. Prenez une feuille de papier et déchirez-là. Facile, non?
Maintenant, prenez-en une deuxième, dessinez deux yeux et une bouche dessus, et
nommez votre feuille. Allez! Ok, pas besoin de chercher un crayon là, faites
juste nommer la feuille. Dites-vous : ma feuille s’appelle _____. Bonjour
_____!
D’accord, êtes-vous prêt? Déchirez votre
feuille maintenant. Facile? Peut-être, mais ne me faites pas croire qu’il n’y a
pas une infime partie de votre âme qui n’est pas morte! Elle avait un nom cette
feuille!
Quel nom lui avez-vous donné? Pourquoi?
Avez-vous instantanément projeté des caractéristiques associées à ce nom?
C’est puissant un nom!
OK, deux choses.
Premièrement, récemment, une des profs pour
qui je travaille m’a demandé, après avoir passé un an à m’appeler Alex, ce que
je préférais : Alex ou Alexandre? Je n’ai pas pu lui cacher que, placé
devant le choix, j’ai une préférence pour le nom complet. Pas que le diminutif
m’Insulte ou quoi que ce soit, mais j’ai l’impression d’être mieux représenté
avec « Alexandre ».
Il faut dire que c’est probablement une
question d’habitude. Au cégep, la majorité des gens me disaient : C’est
drôle, tous mes amis qui s’appellent Alexandre je les appelle Alex, sauf toi.
On dirait que ça te va pas. T’es Alexandre.
Faut aussi dire qu’au cégep j’avais la réputation
d’être grand parce que j’avais mangé mon jumeau in utero. Il vous surprendra
peut-être d’apprendre que je n’avais pas eu à travailler très fort pour me
bâtir cette réputation. Mais je m’éloigne du sujet…
J’ai aussi déjà rencontré quelqu’un dans un
événement social quelconque qui m’avait demandé mon nom. Lorsque je lui avais
dit Alexandre, il avait répondu : Ok, fak Alex? Ce à quoi j’avais
répondu : Non, Alexandre. Il avait par la suite insisté pour m’appeler
Alex.
Pas besoin de vous dire que je ne lui ai pas
reparlé de la soirée…
Deuxièmement, depuis quelques jours, il y a un
petit bébé chat sauvage qui vient se coucher sur les chaises du patio. Ayant
bien appris les leçons de Marjo, j’essaie de ne pas l’apprivoiser. Je réussis
très bien, car, malgré le fait que je l’ai déjà officieusement trouvé, je n’ai
toujours pas donné de nom au chat.
Si le chat n’a pas de nom, il n’a pas de
personnalité, il n’y a donc aucun lien entre nous, et si jamais il disparaît
subitement, je ne serai pas triste.
Comme une feuille blanche que l’on déchire.
Alors en conclusion, je répondrais ceci à
Juliette : Hey fille, je comprends qu’il est cute là, mais une rose sous
tout autre nom serait juste une fleur pleine d’épines qui sent, bien
honnêtement là, au mieux, ordinaire. Asteur vla ta fiole, va t’empoisonner!