Patiner autour des signes de la vie
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Mon
ami l’héritier m’a proposé d’aller patiner.
Car
oui, en plus d’être la personne la plus cool au monde, il fut, dans sa
jeunesse, un patineur de vitesse médaillé.
Moi,
mes seuls trophées sont en plastique et viennent du Dollorama. J’en ai aussi un
vieux de quilles que j’ai acheté au Village des Valeurs et un Oscar en
plastique qu’une amie m’a rapporté d’Hollywood.
Oui,
bon, j’ai une légère obsession sur les trophées là, on a tous des problèmes
mentaux!
Donc,
il veut aller patiner.
Du
patinage récréatif bien sûr, pas du patinage de vitesse, je ne serais pas
capable. Ou plutôt je serais encore moins capable, car je mets
excessivement en doute mes habiletés de patin en général. J’ai fait ça deux
fois dans ma vie, dont une fois où ma mère et son amie étaient de chaque côté
de moi et me tenaient les bras et le fond de culotte. Ça doit faire vingt ans
que j’ai pas mis la lame sur la glace…
Malgré
ceci, je dois avouer que j’ai un certain désir de le faire. Ça ferait une
activité agréable avec mon ami, mais aussi, et surtout, ça ferait une très
bonne histoire à raconter.
Oui,
il faut toujours avoir de bonnes motivations avant de se lancer dans la vie!
Mais
bon, premier défi, me trouver des patins, car ÉVIDAMMENT, je n’en ai pas.
Je
me suis donc mis à la recherche de patins sur Internet, usagés bien sûr, car je
ne veux pas payer un prix de fou. Il est fort probable que lors de la séance de
patinage, je vais me casser ou me couper un membre, alors tsé, n’investissons
pas massivement pour un one-hit wonder.
Après
plusieurs sites de petites annonces, j’ai réussi à en trouver une paire à ma
taille. Parce que oui, étant un géant, je ne chausse pas du 9, ou les autres
pointures qui pullulent. Obstacle de plus! (Tsé, quand dans la vie on ne veut
pas écouter les signes là…)
Je
me rends chez le gentil monsieur qui les vendait, il me les apporte et me
dit :
-Je
peux pas vous vendre ça, je viens de les prendre et ils ont cassé ici.
Il
me montre la fente. Les patins sont en plastique, et ils ont dû sécher. Il y en
a un qui est fendu dans le milieu à l’arrière, l’autre en haut.
-Je
vais vous les donner, essayez-les. Si jamais ça fait, tant mieux.
Je
reviens chez moi, et en mettant un pied dedans, le patin casse encore plus bas.
Ma
première tentative est donc un échec, mais, étant donné que moi les signes de
la vie, je n’écoute pas ça...
**
Une
semaine plus tard, mon père, qui a jeté toute son énergie de retraité désespéré
sur la quête du patin parfait, m’annonce qu’il m’en a trouvé une paire, dans
mon budget. Nous allons donc dans un magasin de sport usagé.
Première
constatation, je jure encore plus dans un magasin de sport usagé qu’un bébé
dans un bar de danseuses. Il y a beaucoup trop de barbus aux cheveux longs, et
malgré tout le glorieux de ma crinière, je ne peux pas concurrencer toute cette
pilosité.
Deuxièmement,
mon père parle au vendeur de comment il patinait « dans le temps »,
et à l’écouter parler, il vivait dans les Pierrafeu.
Aussi,
il fait une obsession sur les « gros bas ». Il ne parle que de
« gros bas ».
« La
taille est tu correcte? Au pire il peut mettre des gros bas... »
« Moi
dans mon temps, on mettait trois ou quatre paires de gros bas pis on allait
dehors! »
Bref,
j’achète les patins, nous allons les faire aiguiser au comptoir, et rendu à ce
niveau, j’ai eu plus que mon quota, et je veux désespérément quitter. Malgré
cela, mon père, insiste pour me faire vivre l’expérience complète.
-Viens
voir, il est en train d’aiguiser tes patins. Regarde comment il fait.
-Si
tu savais à quel point je m’en fous papa! Je pourrais te faire une liste des
choses qui m’intéressent plus que de voir mes patins se faire aiguiser.
Je
n’ai pas eu le temps de l’informer de la liste, mais à des fins d’archives, la
voici :
-Le
cycle menstruel d’Anne-Marie Losique.
-La
combinaison de cadenas de George Laraque.
-Le
nombre de carottes mangées par Oscar Peterson l’année de son décès.
-La
quantité exacte de jelly bean qui rentrerait dans mon verre d’eau.
-Le
code postal du Bonhomme Carnaval.
-Le
tour de taille de DSK.
-Le
numéro de couleur de la teinture du mari de Pauline Marois.
-Le
nombre de post-its que ça prendrait pour me remplir la face.
Mais
bon, mission accomplie, et vous l’aurez votre histoire de patinage…
Mais
pas de vidéo!