Digestion de poutine en 30 minutes ou c'est gratuit!
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Avertissement
Le billet suivant contient des propos à
caractère scatologique plutôt intenses. Il pourrait ne pas convenir aux
personnes respectables ou aux cœurs sensibles. La discrétion du lecteur est
recommandée.
Mon
corps n’est pas québécois.
Non
seulement j’ai une silhouette « européenne », dénudée de toute icône
de hockey, sans chaine au cou d’un argent immaculé, ou de barbe d’un pouce
sculptant ma mâchoire, mais mon intérieur aussi a de la difficulté avec le
terroir. Surtout avec le met national, la poutine!
Sachant
ceci, il serait logique pour moi de me tenir loin de cette abomination
culinaire. Toutefois, dans un élan très peu Vulcain, il m’arrive parfois de
défier cette logique et de mouiller mes lèvres de frites, fromage et sauce
brune. Et, lorsqu’un tel élan me prend, le résultat est comparable à un
lavement intestinal digne des plus grands spas. Mon corps interprète le dépôt
final de la fourchette dans le plat vide comme un signe qu’il est temps de
faire un reset dans l’estomac, le
petit et le gros intestin.
Vous
comprendrez donc, si je vous parle de ça, que récemment j’ai subi l’expérience
à nouveau.
Effectivement,
en plein milieu d’un malaise existentiel dû à un combo cruel de fatigue et de
cours ennuyeux, l’envie me prie de manger une poutine. J’imagine que je voulais
me punir pour cet écart comportemental. Quand on laisse notre cerveau nous
convaincre qu’on devrait quitter notre vie et devenir auteur dans une petite
maison pittoresque de Nouvelle-Angleterre, on mérite de se faire semoncer.
Vingt
minutes après avoir avalé la dernière bouchée, malgré la présence de mon chat
ronronnant sur mon ventre, débuta la violente réaction intestinale. Je me
rendis rapidement à la salle de bain, tassant minou en vitesse, et préparant
mon deuil des boxers que je portais. Par chance, aucun incident fâcheux ne se
produisit, et je pus expulser dans le bol. Et expulser comme un champion
fis-je! Mes crampes se transformèrent en un bon coulis de bouette qui remplit
la toilette. Après avoir passé le quart du rouleau à nettoyer le tout, je
retournai à mon ordinateur travailler.
Une
dizaine de minutes plus tard, je sentis mon anus faire de l’épilepsie et je
courus de nouveau à la toilette, cette fois-ci pour évacuer principalement du
liquide, sans aucun doute la partie « sauce » de la poutine. Un autre
quart du rouleau et je me relevai, l’anus un peu à vif, mais calmé de son
hyperactivité.
Vous
savez lorsqu’on est malade et qu’on vomit deux ou trois fois de suite? La
dernière fois il n’y a plus rien qui sort, mais on a des spasmes quand même? Eh
bien la troisième fois que je m’assis sur le bol, un bon vingt, vingt-cinq
minutes plus tard, je vécus sensiblement la même chose, mais inversé. J’avais
l’anus qui spasmait désespérément et qui voulait mourir, mais rien de sortait
de mon intestin…
Fin du lavement.
Et
là, vous vous dites sûrement: « Mais pourquoi est-ce que tu nous as
raconté ça? » Je ne vous cacherai pas que ce billet avait un caractère
plutôt égoïste. Je l’ai fait pour moi, pour que la prochaine fois que l’envie
me prendra de manger une poutine, je pourrai le lire à nouveau pour me rappeler
ce dans quoi je m’apprêterai à m’embarquer…